Cette huitième chronique de l'ère du Verseau est l'occasion pour l'auteur, absent du Fleuve depuis un an, de faire son retour, tel que cette parenthèse ne l'a pas changé : le Matriarcat enserre toujours ce début du troisième millénaire dans sa poigne de fer, avec pour mamelles haine de l'homme, homosexualité, insémination artificielle... Comme dans presque tous les romans qui l'ont précédé, celui-là sinue sur un double parcours : géographique et psychologique — une prise de conscience (par l'amour) d'une technicienne, enlevée par des « sauvages », perdue, retrouvée enfin. Si l'itinéraire idéologique n'offre pas de surprise, si le départ du panoramique circulaire est convenu (avec la rencontre avec les Déviants, puis la lutte contre les Palmés et leurs serpents d'eau apprivoisés), la suite est plus intéressante, avec le passage chez les Nez-Rouges (les descendants d'une troupe de cirque, qui perpétuent mécaniquement les traditions), et surtout les Ailés, humains qui prolongent l'action des patrouilles volantes de jadis en se servant d'ailes artificielles ; c'est chez ces Gardiens de la Mégapole qu'Athyr, notre héroïne, connaît son expérience la plus originale, puisqu'elle déchaîne les passions chez les créatures aériennes, qui vivaient jusqu'alors sans désir et sans jalousie. Mais heureusement elle retrouvera, boucle bouclée, son gros Conan de Déviant.
En cherchant bien sous les lignes, on pourrait même trouver une thématique d'initiation qui passerait par l'eau (les Palmés), le feu (les Nez-Rouges), la terre (équipée dans la grotte), et l'air. Le tout, malgré les négligences d'écriture, est alertement raconté. En somme, un Fleuve standard.
Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/9/1984 dans Fiction 354
Mise en ligne le : 1/11/2005