Les Bêtes représentent les armes du pouvoir, des armes formidables. Elles interviennent pour mater les situations conflictuelles ou pour faire respecter la loi que bafouent les trafiquants de lémuses...
Lorsque apparaissent dans l'espace, soudainement, la Licorne, le Rhinocéros et le Mammouth, c'est la panique car on les sait invincibles. Mais il y a derrière elles l'Eglise de Falume et l'HWO, deux institutions qui ne font pas bon ménage. Alors le Mammouth va faire, le premier, les frais de cette rivalité.
Le roman est bâti sur une succession de scènes courtes, réduites à l'essentiel. Mais tout cela ne semble pas très efficace, pour plusieurs raisons dont la première est que l'histoire paraît vraiment traitée en surface. C'est terriblement simpliste. Les personnages sont tracés à grands coups de marqueur Les différents épisodes ne sont pas dominés et, ainsi, tournent court. De fait, ça va trop vite. Jamais ça n'est captivant. Le lecteur n'a pas le temps de savourer l'instant qu'il est aussitôt projeté dans la scène suivante.
Il est donc inévitable que le roman se lise sans passion. Trop souvent, la lecture flirte avec l'ennui ; surtout quand on sait de quoi l'auteur est capable, on s'irrite. Ici, il ne paraît pas à son aise. La distance est trop courte pour lui, les impératifs de la collection trop nouveaux. On devine qu'il s'est contenu dans Rhino, qu'il s'est censuré pour rester simple. C'est bien ce que le Fleuve Noir demande à ses auteurs, et ça n'est pas condamnable en soi. Seulement, cumuler la simplicité et la séduction constitue un art difficile.
Au fond, le constat n'est pas négatif. Et dans l'avenir, Dominique Douay réussira probablement à s'adapter avec bonheur au roman populaire.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/5/1985 dans Fiction 362
Mise en ligne le : 13/10/2003