Les Morris, c'est fait pour qu'on en saute trois ou quatre et qu'on en lise deux à la file, pour se retremper. Au moins, avec cet auteur (le plus prolifique dans la série : six ouvrages par an depuis trois ou quatre ans), pas de surprise : du standard dans l'intrigue (souvent à la Jimmy Guieu : irruption du bizarre dans le quotidien), dans le style : gouailleur, dans l'esprit : râleur et philosophe. Morris alterne les courtes séries (deux à trois volumes) et les solos. Il met le meilleur de lui-même dans les séries (où l'action est le plus souvent contemporaine — et où se retrouve l'auteur d'espionnage), ronronne parfois dans les solos — plus SF, comme c'est le cas de
Un pour tous...tous pourris !, où un astronaute ramène des chats doués d'empathie sur une Terre en proie à la Cryptocratie.
Le départ stellaire est bon, après ça s'enlise dans les aventures du héros seul contre tous qui baise toutes les dix pages.
Une odeur de sainteté renoue avec les personnages de
Une secte comme beaucoup d'autres, et Morris continue à régler ses comptes (des ennuis avec un rejeton ?) avec les « sectes » et le spiritualisme, joyeusement confondus, comme si Moon pouvait avoir quelque chose de commun avec Bhagwan. Mais cet opus 2 est meilleur que le premier ; c'est un bon thriller dont la dernière partie — hypnose, capture, sacrifice — est réellement bien menée. On peut aussi sourire aux san-antonioseries dont Morris parsème son ouvrage
: « M. et Mme Leduc ont la joie... Attention au béton ! Il est armé... Pas de l'oie égale pas de loi... ». Ce n'est pas du grand art, mais ça fait plaisir, comme font plaisir les Morris, à condition d'en lire un de temps en temps. Alors que son confrère Stork, recyclé en même temps que lui à partir de la collection « Espionnage », et qui était parti très fort
(L'ordre établi), a maintenant tendance à bâcler systématiquement les grands sujets (
Tout le pouvoir aux étoiles, La machine maîtresse), le maître Dumoulin continue son petit chemin bonhomme, au même niveau.