DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du fantastique n° 36 Dépôt légal : mars 1994, Achevé d'imprimer : février 1994 Première édition Recueil de nouvelles, 256 pages, catégorie / prix : 6 ISBN : 2-207-60044-0 Format : 11,0 x 18,0 cm Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Venise... Lieu géométrique de tous les clichés ou de tous les possibles ? Pour qui aime les villes ayant la capacité de « faire penser de manière insolite », la faculté de « laisser filtrer dans la réalité un soupçon d'étrangeté », la question ne se pose pas : Venise est un lieu magique qui, au-delà d'un pittoresque mondialement connu, propose des rencontres inattendues. Avec soi-même, avec l'invisible, avec des personnages surgis d'un lointain passé ou avec le futur... Comme si le temps y subissait des flux et des reflux semblables à ceux de la lagune, comme si le mariage de l'eau et de la pierre y engendrait des mirages ayant la consistance du réel. En douze nouvelles, douze actes d'une pièce de théâtre dont l'héroïne est une Venise complètement ignorée des guides touristiques.
L'auteur
Renato Pestriniero, né à Venise en 1933, a commencé à publier en 1958. Auteur de nombreuses nouvelles et de cinq romans, il s'est imposé à l'attention du public transalpin avec ses récits « vénitiens » (fantastiques ou de S.-F.), où s'affirme pleinement son originalité. Il a par ailleurs acquis une réputation internationale en signant un roman avec A.E. Van Vogt : Au-delà du village enchanté (J'ai lu).
1 - Préface (1991), pages 7 à 9, préface, trad. Jacques BARBÉRI 2 - Nodosités (Nodi, 1981), pages 11 à 46, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 3 - Vacances à la mer (Vacanza al mare, 2000), pages 47 à 61, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 4 - Espree (Espree / Magica Venezia / Di notte lungo i canali tra i sogni, 1983), pages 63 à 80, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 5 - Quelque chose frappe aux vitres (Qualcosa batte sui vetri, 2000), pages 81 à 91, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 6 - Victime du tourisme (Morte per turismo, 1986), pages 93 à 110, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 7 - La Nuit le long des canaux (Espree / Magica Venezia / Di notte lungo i canali tra i sogni, 1983), pages 111 à 126, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 8 - Pollution acoustique (Inquinamento acustico / Silenzio prego!, 1980), pages 127 à 150, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 9 - Le Grand nettoyage de printemps (Pulizie di primavera), pages 151 à 176, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 10 - Transgressions (Nel muro / Trasgressioni, 1989), pages 177 à 187, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 11 - Souvenir (Souvenir, 1987), pages 189 à 217, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 12 - Le Don (Quel sentore di nebbia, 1984), pages 219 à 233, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI 13 - Ceux des tableaux (Quelli dei quadri, 1972), pages 235 à 250, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI
Critiques
Le fantastique aurait un goût de whisky, comme en pays anglo-saxon, ou encore de calva, chez Maupassant. Mais il paraît que les bulles de l'Asti Spumante ne vont pas à ce genre littéraire. Il n'y a pas d'Asti à Venise, mais le fantastique y est très présent pour Renato Pestrinieri qui y vit, au Lido. On connaît peu d'auteurs italiens de fantastique et de plus, aussi bien Buzzati que Tarchetti ou Pirandello ont une tendance à l'allégorie. D'où l'intérêt de ce recueil-roman original. L'auteur est mal connu en France, bien qu'il ait été publié dans Le livre d'or de la SF italienne et dans quelques fanzines. Mais il vaut le détour. Au centre de ce recueil, Venise la ville-univers. Les douze nouvelles présentées ici en éclairent les facettes nocturnes. Venise dans le présent, le passé, le futur et dans d'autres dimensions de l'espace et du temps. Pour qui connaît et aime cette ville, vaisseau de pierre et de brume, ce voyage littéraire est comme un rêve. Pour qui ne connaîtrait pas la Cité des Doges — devenue dans un des textes Doge City — c'est une prise de contact avec l'intimité de ce monstre urbain mythique qu'aucun guide ne permettrait et dont les cultes valent ceux des druides celtiques.
Dans ce cadre, en soi déjà proche d'une autre dimension, les textes présentent des histoires de rencontre entre des êtres, parfois aussi lointains que des ET, parfois aussi proches que des Milanais et des Vénitiens, et que pourtant tout sépare. Tout, ou plutôt la ville, qui réclame qu'on vive avec et pour elle. Qui va jusqu'à se personnifier, se présenter sous une forme séductrice les soirs de carnaval. Ville-femme monstrueuse qui attire aussi bien le jeune états-unien que le juriste lombard pour le mettre à ses pieds. Gare à qui veut en savoir plus qu'elle ne le désire : le masque levé, la magie disparaît, le long des « fondamenta » et des quais. Mais Venise existe-t-elle encore ou n'est elle qu'un fantôme, une scène vide, envahie de touristes, et où les habitants ne sont que les figurants, formant les tableaux vivants que des armées de photographes touristiques tentent de capter ?
Il subsiste un peu, dans la traduction, la musique originale de la langue et de la brume de Venise.