DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 433 Dépôt légal : janvier 1987 Première édition Recueil de nouvelles, 192 pages, catégorie / prix : 4 ISBN : 2-207-30433-7 Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
Malgré tout, l'avenir est plein d'espoirs : mers, jardins, villes douces, mondes paisibles, déserts muets, tout semble prêt à accueillir des personnages en quête d'eux-mêmes, et de leurs compléments.
Mais rien n'est simple : les paysages se dérobent, ou ne veulent rien dire. La femme aimée n'existe qu'en morceaux. On a tout pouvoir sur le monde, mais ce pouvoir ne peut provoquer que des catastrophes, pour celui qui le détient comme pour les autres.
Les parents bienveillants éteignent les étoiles. Les enfants bien intentionnés transforment tout en pierre.
Les suicidés fiers de l'être n'arrivent pas à mourir. L'espoir se retourne contre vous ; attention, il mord !
Dans ce recueil de nouvelles conçu comme un tout, la cruauté est partout, sous toutes ses formes, et ce n'est pas faute d'optimisme. Au contraire. C'est l'optimisme qui nourrit la cruauté.
L'auteur
est né pour la première fois en 1960. Il a depuis lors épuisé quatre vies en détails sans intérêt. Cruautés, son quatrième livre en Présence du Futur, marque délibérément le début de la cinquième. Comme tous les autres chats, il espère bien arriver jusuq'à neuf réincarnations.
1 - Histoire d'une histoire toute seule, pages 11 à 13, nouvelle 2 - Les Prisons, pages 19 à 27, nouvelle 3 - Hospitalité, pages 31 à 40, nouvelle 4 - L'Âge de pierre, pages 43 à 56, nouvelle 5 - Multiplication du voleur, pages 59 à 69, nouvelle 6 - Si vous balbutiez encore dans votre tombe de pierres, pensez et priez, et peut-être les vivants découvriront-ils des limites au camp !, pages 73 à 87, nouvelle 7 - La Course de Casanova, pages 91 à 101, nouvelle 8 - Comment, quand et où mourut le temps, pour des raisons inconnues, sur le balcon en dessous du balcon, pages 107 à 114, nouvelle 9 - Cessons de nous tourmenter : la fin, la vraie, n'est que pour après-demain ; voisins, réjouissons-nous de la longueur de l'apocalypse !, pages 117 à 124, nouvelle 10 - Avions, pages 127 à 134, nouvelle 11 - Les Masques du clown, pages 137 à 143, nouvelle 12 - Cruautés, pages 147 à 162, nouvelle 13 - Extinction des feux, pages 165 à 171, nouvelle 14 - Le Suicide sans fin, pages 175 à 186, nouvelle
Critiques
Cela faisait longtemps que les admirateurs d'Emmanuel Jouanne, ceux qui avaient aimé Damiers imaginaires, Nuage et Ici bas, attendaient un recueil en solo de cet auteur, après celui en collaboration avec Jean-Pierre Vernay : Dites-le avec des mots. Et bien, laissez-moi vous dire que leur (votre ?) attente n'aura pas été vaine, cet ouvrage réunissant pas moins de quatorze nouvelles parmi les meilleures que Jouanne ait écrites et offrant à l'amateur un panorama, non exhaustif bien sûr, des genres, des tendances qu'il se plaît à aborder et dans lesquelles, bien souvent, il excelle : L'Utopie (« Hospitalité » et « L'âge de pierre »), où nous apprenons à découvrir un très grand poète ; une sorte de Fantastique détourné (« Multiplication du voleur », « La course de Casanova » et « Les masques du clown »), à la narration désabusée probablement destinée à préparer le terrain à des chutes cruelles et pour le moins inattendues ; le Conte sous plusieurs de ses formes (« Histoire d'une histoire toute seule », « Les prisons », « Cruautés » et « Extinction des feux ») où l'on retrouve une part du Jouanne-philosophe-symboliste ; enfin, la Fiction Spéculative (« Si vous balbutiez encore dans votre tombe de pierres... », « Comment, où et quand mourut le temps... », « Cessons de nous tourmenter... », « Avions » et « Le suicide sans fin ») avec des prestations qui raviront sans aucun doute les amateurs de sensations et d'images fortes les plus endurcis.
Certes, on pourrait peut-être regretter que n'aient pas été incluses dans ce recueil des nouvelles comme « La question d'où naquit la plage » (publiée ici même il y a quelques années), « Quand le cancer fera de toi une forteresse... » (dans SF & Quotidien puis dans L'Année de la SF et du Fantastique 1981-1982), ou encore « Scènes de la vie quotidienne de l'édifice... » (dans Univers 19), mais près de la moitié du volume est constituée de rééditions de textes issus de Fiction, Mouvance et Minuit, sans oublier La planète Larzac et sans doute l'auteur n'a-t-il pas voulu forcer la dose de reprises, préférant réserver à ses fidèles un maximum d'inédits. Et puis peut-être ne les trouvait-il pas suffisamment cruels à son goût pour lés y intégrer...
Peu importe ; car reste un superbe premier recueil, « limpide » et incarné, à travers lequel nous découvrons un écrivain tendre et émouvant changeant de masque comme de chemise pour mieux se dissimuler ; à lire et relire sans précipitation, avec un plaisir croissant...