Quatrième de couverture
Il allait sourire quand le présentateur de la télé murale parla de ces deux déments et du carnage de Barlow Bend.
— Qu'est-ce que vous avez ? dit la voix de mort caverneuse du barman. J'vous ai donné vot'aspirine ?
— C'est rien, dit Mat Pealbean. Redonnez m'en deux. Ça va passer...
Et dans sa tête, la petite voix — la sienne — continuait de ricaner...
Critiques
Il y a un type qui se prétend vendeur de commerce et qui solde sur catalogue des gadgets en tous genres. Mais c'est plus vrai. Il ment. Il y a un autre type qui dit rechercher son père amnésique. Mais c'est pas vrai, ça ne l'a jamais été. Il ment aussi. Il y a un vieux qui sillonne le pays et change de nom à chaque bled traversé. Ça, c'est vrai. N'empêche que le vieux ment également comme un coupeur de dents, non, comme un arracheur de têtes... Le vieux est dangereux. Il est porteur d'un virus de mémoire qui pousse les gens à s'entretuer parce que bon Dieu il y a trop de neige dans ce putain d'été et il fait un froid d'enfer... Alabama. Un. Neuf. Neuf. Six. est d'un abord malaisé. Son style plein d'accrocs et sa pénurie d'informations réelles échaudent le lecteur d'emblée. Où va-t-on ? A la limite, on s'en fout, le personnage central n'étant vraiment pas à la hauteur tellement il manque de consistance. De deux choses l'une, soit Pelot a voulu jouer avec son style, l'expérimenter pour voir jusqu'à quel point la lourdeur était tolérable, soit déguiser une vague idée en roman en se gardant bien de l'approfondir. Le résultat est lisible mais un peu court, qualitativement et à proprement parler. 180 pages d'un texte étiré dont l'action ne s'emballe que vers la page 120... On aurait pu espérer mieux de Pelot, comme d'habitude. Il faut avouer que ses derniers romans parus au Fleuve Noir Anticipation s'avèrent un peu tristounets et décevants. Pelot s'use ou le lecteur s'use. Les deux à la fois, probablement. Mais je ne veux surtout pas effaroucher les inconditionnels de l'auteur, dont je fus, qui passeront outre à mes avertissements bien médisants. Pas vrai ? Éric SANVOISIN Première parution : 1/9/1987 dans Fiction 389 Mise en ligne le : 17/4/2003
|