Isolés dans leurs forêts ou leurs savanes, ceux qui n'usent que de la pierre et de l'épieu ne peuvent être que des primitifs en quête d'une voie de développement. Qu'importe que le soleil soit chaud, les rivières poissonneuses, le territoire giboyeux, privés de technique ils ne peuvent aspirer au bonheur.

     Mais que devient la technique quand plus rien n'existe pour la soutenir et que ses fruits se flétrissent irrémédiablement au fil du temps ?

     Confrontés à ces deux réalités, une poignée d'hommes et de femmes, ni meilleurs ni plus mauvais que d'autres, vont réagir en suivant tout d'abord les règles acquises puis, à mesure que vient la compréhension, en laissant faire leur instinct.

     MOINS D'EROTISME QUE DE TENDRESSE...

     Je vais encore demander à Guy Béart d'introduire Dal'Nim, le roman de J. et D. Le May. Il y a tout dans ce disque FFF... J'en parlerai ailleurs. Et demain.

     Dal'Nim, c'est le nom de l'héroïne, jeune fille primitive, belle et télépathe. Mais le roman de J. et D. Le May aurait pu s'appeler Retour à la Terre. Et l'atmosphère n'est pas sans évoquer le célèbre roman de Jean-Pierre Andrevon, Le temps des grandes chasses (Ed. Denoël). Léourier et Pelot ont décrit aussi une Terre redevenue primitive, ainsi que les Le May eux-mêmes, dont c'est peut-être le sujet de prédilection.

     Après un long voyage dans l'espace et certaines péripéties qui paraissent avoir été contées dans un livre précédent, la nef France est revenue sur la Terre, qu'elle a trouvée vieillie de plusieurs dizaines de milliers d'années, comme on aurait pu s'y attendre, et, ma foi, bien changée. Peut-être en mal. Une partie de l'équipage est repartie errer dans l'espace. L'autre tente de s'intégrer à une tribu primitive, les Fol'ns, sous la direction de Pierre Roche, l'ancien capitaine du vaisseau. Pierre Roche prend Dal'Nim pour seconde épouse, réconcilie les Fol'ns et les Zenn'ords, leurs ennemis héréditaires. Puis il sauve les Zenn'ords menacés par de mystérieux envahisseurs dont il découvrira le secret après de palpitantes aventures.

     Ici, moins d'érotisme que de tendresse. Beaucoup de chaleur humaine aussi. La vie simple et naturelle des tribus primitives me paraît un peu idéalisée ; mais les auteurs savent se montrer convaincants. Et il ne manque ni l'action, ni l'exotisme, ni le sense of wonder cher à Bozzetto. Une lecture bien plaisante.