L'humanité d'un avenir lointain se trouve en face d'un double problème : le nombre des étoiles novae augmente anormalement, la fréquence de ces explosions inondant des mondes habités de radiations parfois dangereuses. En conséquence, des mutants de plus en plus nombreux font leur apparition, et l'intelligence de certains d'entre eux est telle qu'on les qualifie d'homines superiores.
De ce point de départ, Pierre Barbet a développé un space-opera qui marque un progrès indéniable par rapport à son roman précédent, « Vers un avenir perdu ». La construction est ici plus solide, car il ne s'agit pas d'une simple succession d'épisodes arbitrairement juxtaposés : un problème est posé dès le commencement, et c'est la recherche de sa solution qui constitue le fondement de l'action. Pourquoi ces novae ? Et que vont faire les mutants ? Ces deux questions sont d'ailleurs liées l'une à l'autre.
Un autre progrès par rapport au roman antérieur du même auteur est constitué par la suppression des exposés pseudo-scientifiques qui prenaient une place importante dans le dialogue. Ce dernier demeure cependant artificiel, ne reflétant guère la personnalité des interlocuteurs. La préoccupation première de Pierre Barbet est ici, comme d'ailleurs dans son précédent roman, d'inventer une série d'aventures à partir d'une donnée empruntée à la science ou à la pseudo-science. Certains de ces épisodes paraissent encore gratuits, mais il en est d'autres qui renferment une idée intéressante. Ainsi, ces mines de fermium dans lesquelles la géométrie euclidienne cesse d'être applicable, ouvrent des horizons assez fascinants à l'imagination : on regrettera cependant que le manque de métier de l'auteur l'ait empêché d'en tirer un meilleur parti.
Ce manque de métier peut se distinguer également dans le rythme par trop égal qui est imprimé à l'action : on n'y trouve pas de contrastes de tension, de passages qui préparent un épisode particulièrement important. Il s'en dégage une impression de monotonie qui, sans être aussi intense que dans « Vers un avenir perdu », demeure cependant réelle.
Il y a lieu d'attendre le troisième roman de l'auteur : « Babel 3805 », sans être mémorable, prouve que Pierre Barbet est susceptible de progresser.
Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/7/1963 dans Fiction 116
Mise en ligne le : 25/8/2024