Le clonage offre d'étonnantes possibilités, parfois fabuleuses, souvent horribles. Bior Malard, en clonant sa femme morte dans un accident de voiture, prend de gros risques sentimentaux. Il élève Maël comme sa fille, mais le statut de l'adolescente est ambigu. Lui-même ne sait pas très bien ce qu'il espère. Le retour de sa femme parmi les vivants ou la survivance d'un souvenir inaccessible... D'ailleurs, Maël supporte très mal la situation. Elle se rebelle contre son père/mari et se trouve entraînée dans une succession de moments forts et douloureux.

     Au bout du compte, elle reviendra vers Bior, mais ce dernier ne saura pas exactement s'il doit s'en réjouir ou s'en inquiéter.

     Ce roman fourmille d'idées à peine suggérées. Les citations de l'auteur qui ouvrent chaque chapitre constituent à elles toutes seules un programme alléchant qui, malheureusement, n'est pas respecté. Il s'agit tout au plus de clins d'œil. J'aurais préféré que Joëlle Wintrebert les exploite...

     Il n'en reste pas moins que Bébé-Miroir est un livre agréable, écrit avec légèreté dans un style peu volubile mais efficace. Sans doute manque-t-il un peu de profondeur à ces personnages esquissés dans leurs grandes lignes.

     C'est pas mal. C'est tout.

     Joëlle Wintrebert possède le redoutable privilège d'être la seule femme de la collection Anticipation, comme autrefois sa brillante prédécesseuse (oh le vilain féminin !) camouflée en homme, Gilles Thomas. Il faut reconnaître qu'elle s'en tire avec les honneurs.