La civilisation est un bébé qui a trop vite grandi et qui ne sait pas encore utiliser les outils qu'elle a créés. La science est une arme à double tranchant. L'esprit n'a pas pu survivre le bond effectué par la technique... L'homme est en panne de spiritualité ! Il lui manque un Dieu ! Telles sont les principales idées développées dans la FOUDRE ANTI-D. A mon avis, le meilleur roman de Jean-Gaston VANDEL. Et il fallait à l'auteur un réel courage pour traiter du problème de la spiritualité... Je conseille vivement la lecture de ce procès de la « Science » fait par des « Savants » dans un roman qui demeure d'une étonnante actualité.
Critiques
Après les quelconques Territoire robot et Le bureau de l'invisible, voici enfin réédité un Vandel de valeur (originellement paru en 1956 : FN-A n° 73), qui allie à une progression dynamique du récit (enquête dans une ville, sur une île secrète, sur une planète lointaine) une thématique très rarement traitée en SF (suscitée par une dysfonction entre le trop grand essor technique de la civilisation et la stagnation spirituelle de l'Homme, la folie devient maladie endémique). Mais le plus important est bien sûr l'orientation pacifiste (l'enquêteur n'est qu'un envoyé du Bureau Mondial de la Santé), non manichéenne (pas méchants, seulement une civilisation en crise) du roman, sous-tendant l'idée que le « progrès » n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux : le « renverser la vapeur avec énergie : stopper les travaux scientifiques, accorder à la civilisation un pallier, un répit qui lui permît de souffler... » de Vandel, c'est déjà le « On arrête tout on réfléchit et c'est pas triste ! » de l'An 01 de Gébé avec 20 ans d'avance. Pour cela, et malgré son aspect un peu schématique, La foudre Anti-D est à lire pour sa contemporanéité même.
Je vous recommande très chaleureusement « La foudre anti-D », de Jean-Gaston Vandel (Fleuve Noir), encore que ce roman puisse, j'en conviens, faire tiquer un certain nombre de scientifiques purs. L'auteur n'y affirme-t-il pas, en substance, que la science poussée à l'extrême constitue en fait l'antithèse du progrès, diminuant, voire annihilant complètement les valeurs spirituelles de l'homme ? Nous sommes au XXIIe siècle. Un certain nombre de personnes ont été atteintes d'une mystérieuse maladie qui colore en vert la pigmentation de leur peau. Un inspecteur du Service de l'hygiène, Hans Wildorf, est chargé d'établir le comment et le pourquoi. S'il découvre assez facilement le premier, le second, en revanche, l'entraînera dans des aventures qui, commençant en Tunisie, se poursuivront sur une lointaine planète où se sont réfugiés quelques brillants savants décidés à lutter contre la folie des hommes. Par l'utilisation de renseignements authentiques (telle, par exemple, cette officielle statistique américaine qui cite des chiffres effarants concernant le nombre de malades mentaux aux États-Unis), Jean-Gaston Vandel confère à son ouvrage un caractère d'actualité très net. Son style, comme d'habitude, est synonyme de simplicité. D'aucuns reprocheront à ce roman de n'être pas suffisamment sophistiqué. C'est exact, mais cela n'enlève rien à sa valeur intrinsèque et je serais, pour ma part, heureux qu'il plût à de très nombreux lecteurs.
Igor B. MASLOWSKI Première parution : 1/9/1956 Fiction 34 Mise en ligne le : 27/6/2025