« Heure zéro » (Zéro hour), de Vargo Statten (Fleuve Noir), est le récit des efforts qu’entreprend un savant anglais pour éviter sa mort dont il a pu percer, grâce à l’invention d’un autre savant, la date exacte et les circonstances. Cet hymne au caractère inéluctable du Destin a ses bons côtés, mais, venant d’un auteur chevronné comme Statten, il m’a étonné par certains défauts, car il comporte trop de digressions et quelques longueurs. Et le comportement final du héros, Gordon Fryer, est psychologiquement assez dur à avaler. Comment, alors qu’il sait qu’il mourra avec, au poignet, une montre de son invention, accepte-t-il qu’on la lui mette au cours d’une cérémonie, sachant que la fermeture magnétique l’empêchera de s’en débarrasser ? Crainte de blesser ceux qui la lui remettent, crainte typiquement britannique du scandale ? Diable, voilà pousser un peu loin les qualités essentielles d’un gentleman d’outre-Manche ! Néanmoins, si ce roman n’est pas parfait, il est loin d’être ennuyeux et j’avoue, en ce qui me concerne, que je l’ai lu d’une traite, malgré une certaine irritation.

Igor B. MASLOWSKI
Première parution : 1/7/1955 dans Fiction 20
Mise en ligne le : 2/4/2025