— Cal..., écoute-moi.

     J'arrête de travailler... Il y a de la détresse dans la voix de HI.

     — Je t'écoute.

     HI reprend avec ce qui me paraît être un soulagement :

     — Cal, j'ai peu de temps... Tu as compris que tu es en danger... Lorsque tu as établi mes nouvelles instructions, tu as utilisé une seule plaque d'enregistrement... et tu as pris une plaque temporaire... Le magnétisme s'est effacé, je suis à nouveau sous le contrôle des Loys... Tu es l'ennemi... Fuis, va-t'en vite. Trouve le moyen de me reprendre sous contrôle...

     C'est maintenant une lutte à mort qui s'engage entre Cal le Terrien et l'ordinateur géant de la Base !

     CYCLE AU FLEUVE

     Pour un auteur du Fleuve Noir, Paul-Jean Hérault n'est pas très prolifique. Quatre romans en quatre ans, qui dit moins ? Mais ces quatre romans s'inscrivent dans un cycle, celui de Cal « le faiseur d'Univers », et ce cycle, qui semble avoir un solide avenir devant lui, est digne d'attention.

     Tout a commencé avec Le Rescapé de la Terre (FN 691) qui voit l'arrivée de Cal, fuyant une Terre ravagée par la guerre totale, sur la planète Vaha. Celle-ci n'en étant qu'au stade tribal, il donne quelques coups de pouce bien sentis à l'évolution. Puis il découvre une base extra-terrestre abandonnée et peut ainsi s'approprier la super-science des Loys, bénéficiant en particulier de l'assistance de Hl, l'ordinateur. Dès lors, il décide de guider les Vahussis sur la voie du progrès, laissant à Hl un profil d'évolution-type à surveiller pendant que lui-même hiberne, n'émergeant de son sommeil séculaire que lorsque la situation l'exige. (Les bâtisseurs du monde et La planète folle, FN 714 et 776) ¹.

     Et voilà que Hl, s'emmêlant les cartes perforées perd les pédales et devient Hors contrôle. Réveillés en fanfare. Cal et son ami Giuse (deuxième et dernier rescapé de la Terre) doivent fuir la base et son super-cerveau désormais dément. Sur Vaha, c'est le temps des corsaires et des abordages sanglants. Aidés par quelques robots fidèles, les deux Terriens jouent les justiciers sommaires puis (car une catastrophe ne vient jamais seule !) créent les banques et le papier monnaie, avant de ramener Hl à la raison.

     Bien sûr, politiquement, c'est on ne peut plus suspect, l'interventionnisme « culturel » n'ayant que trop fait ses preuves sur les divers champs de bataille impérialistes. C'est aussi très violent et passablement élitiste. Mais mené tambour battant dans un style sec et nerveux, le cycle de Cal ne laisse pas une seconde de répit au lecteur.

     Garde-toi à droite, lecteur, tous les Hérault ne sont pas fatigués !