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Lutte avec la nuit

William Milligan SLOANE

Titre original : To walk the night, 1937
Première parution : New-York, USA : Farrar & Rinehart, 1937   ISFDB
Traduction de Gaston GODARD
Illustration de Jean-Claude FOREST

HACHETTE / GALLIMARD (Paris, France), coll. Le Rayon fantastique précédent dans la collection n° 84/85 suivant dans la collection
Date de parution : 3ème trimestre 1961
Dépôt légal : 3ème trimestre 1961
Première édition
Roman, 400 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Format : 11,5 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction

Éditeur : Hachette.


Quatrième de couverture
     Elle vint vers moi, de cette longue, onduleuse démarche. Je lui trouvais quelque chose de magnifique que la crainte ni la répulsion ne pouvaient écarter. C'était l'inévitable fin et quoiqu'il puisse arriver, il était hors de mon pouvoir de le modifier.
     « Ainsi, dit-elle, vous savez... »
     Depuis la mort du docteur Lister, le mystère n'a fait que grandir autour de Séléna. Mais peu à peu s'en dégage la terrifiante solution d'une tragédie transcendant les limites humaines.
     Un chef-d'œuvre du « suspense » le plus fantastique.
Critiques

    Malgré ce que laisse supposer la présente traduction, qui en situe (page 7) l'action en 1960, l'édition originale de ce roman américain remonte à vingt-cinq ans. Son auteur, William Sloane, a également écrit un second livre : « The edge of running water », l'un et l'autre appartenant à un genre que l'on pourrait qualifier de « suspense fantastique ». Félicitons les éditions Hachette d'avoir inclus le premier d'entre eux dans le « Rayon Fantastique », car il s'agit d'un ouvrage éminemment recommandable.

    Le sujet de « Lutte avec la nuit » est simple, très simple même. En gros, l'action roule uniquement sur un mystère psychologique de nature obsédante : celui posé par une femme chez qui le narrateur pressent, peu à peu, une différence fondamentale avec le genre humain. Ce mystère est d'abord mineur en apparence, composé de détails anodins, d'anomalies superficielles, qui entretiennent autant de questions sans réponse. Puis, progressivement, l'énigme se noue, et sa conclusion laisse éclater un drame tout en nous fournissant une explication volontairement inachevée. 

    Le roman tout entier possède un climat envoûtant, né de L'accumulation de ces petits faits décrits dans une optique réaliste. C'est une gageure de la part de l'auteur d'être ainsi parvenu à maintenir en permanence l'intérêt, à partir de données relativement linéaires. Sans doute peut-on estimer que la narration s'étend un peu trop et que le roman (assez long) eût gagné à être raccourci. Mais sa dimension était nécessaire à la prolongation de l'effet de suspense que désirait ménager William Sloane.

    S'il fallait adresser un reproche au livre, cependant, il tiendrait précisément à cette conception que l'auteur a eue de son sujet. En choisissant de faire raconter le drame par une tierce personne, qui n'est pas directement le témoin des faits essentiels, William Sloane a certes accentué l'aspect mystérieux de l'intrigue, mais il a aussi esquivé le vrai thème, à savoir la découverte de la nature non humaine de l'héroïne par l'homme qui en est amoureux. Par une solution de facilité, Sloane, en somme, a préféré faire pencher la balance du côté du roman policier plutôt que de l'introspection psychologique, et on peut le regretter.

    Il est utile de noter que l'on trouvait un traitement plus approfondi du même thème dans « Glaise ». de Christine Harth, roman étrange et parfois irritant, peut-être pas entièrement réussi, mais où l'on touchait de plus près, par une expérience en quelque sorte viscérale, l'inhumanité d'un être. Pourtant « Glaise » aussi restait en deçà du sujet, demeurait centré sur l'effort vain du héros pour percer un secret le dépassant. Et puis Glaise était un mythe, et les mythes échappent aux qualifications. La véritable histoire d'un homme et une femme autre, avec toutes les prises de conscience qu'elle implique, reste à écrire. On en avait une intuition fulgurante dans « Shambleau ». Quel roman nous en apportera la réalisation ? 

    Tout cela diminue-t-il les mérites de « Lutte avec la nuit » ? Absolument pas. La traduction de ce très beau livre vient au contraire à point nommé pour nous rappeler que la science-fiction et le fantastique ne sont, tout compte fait, que des étiquettes ; qu'une Œuvre réussie peut être considérée à la fois comme rejoignant les deux genres et comme y échappant ; que cette œuvre, enfin, peut être jugée exactement selon les mêmes critères que toute autre production littéraire. Ce qui tue la science-fiction, le plus souvent, c'est la spécialisation abusive, qui la réduit au rang de littérature de chapelle, de langage pour initiés. Elle aura atteint véritablement l'âge adulte le jour où elle fournira un livre qui, indépendamment de son aspect SF, sera regardé par les critiques comme le meilleur livre du moment. 

Alain DORÉMIEUX
Première parution : 1/1/1962 dans Fiction 98
Mise en ligne le : 2/1/2025

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