Bien sûr il y a, à la base, Mars par clair de lune, de Paul Flehr (Galaxie n° 50), mais peu importe. Dans les deux cas, il s'agit d'un groupe d'hommes, condamnés à l'exil sur une autre planète, alors qu'en fait ils sont gardés sur Terre. Seulement, chez Flehr, le coup de théâtre dénouait une histoire par ailleurs assez banale, alors que, dans N'accusez pas le ciel, il ne résout rien et ne fait qu'accuser davantage la démence du contexte.
Hormis un court prologue et l'épilogue, nous sommes plongés dans un cauchemar kafkaïen, un monde en perpétuel porte-à-faux, ordonné en apparence avec ses lests, ses prisons, ses usines, mais incohérent sous la règle. Rien n'y a de sens, ni la logique, ni les lois, ni les gestes ; rien n'existe réellement, tout n'est qu'images, décors, faux-semblants, écrans de brumes. Et les captifs à la recherche de leurs crimes, du but de leurs travaux, se heurtent non à des murs mais au néant ; chaque découverte, chaque approche du mystère ne fait qu'accuser le non-sens de cet univers.
Je laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir la clé de l'énigme. J'avoue avoir été surpris tant l'auteur est habile à nous masquer la vérité. Avec Les sept anneaux de Rhéa, Les jardins de l'apocalypse et L'astéroïde noir, encore un Fleuve Noir qui nous console de la disparition du Rayon Fantastique.
Jacques VAN HERP
Première parution : 1/3/1965 dans Fiction 136
Mise en ligne le : 21/9/2023