1 - "La papesse du diable", pages 7 à 7, illustration
Critiques
Dans sa collection de « Textes Insolites », Eric Losfeld a réédité La papesse du diable, qui vit initialement le jour entre les deux guerres dans une collection populaire. D’aucuns affirment que, sous les noms improbables de ses deux auteurs, se cache au moins l’un des plus grands poètes surréalistes. C’est dire qu’il s’agit d’un roman pseudo-populaire où la qualité de la plume, sinon la sophistication poétique, trahit la fausse naïveté de l’anecdote. Au moment où l’on se penche sur les sources de la littérature d’anticipation française et sur ses relations avec d’autres essais d’exploration de l’imaginaire, dont le surréalisme, on fera bien de relire ou de lire La papesse du diable.
Cette femme, sorte d’Antinéa de l’avenir, mais autrement diabolique et autrement convaincante que celle de Pierre Benoît, conduit ses hordes asiatiques à la conquête de l’Europe. C’est l’effondrement de l’ordre chrétien, remplacé aussitôt par le raffinement splendide et cruel d’un Orient de convention. Ce déferlement orgiaque culmine bientôt dans le cataclysme suprême, la fin du monde : la Terre succombe sous la pluie des météores déclenchée par le choc de deux astres. La papesse du diable, antéchrist femelle, annonciatrice de la fin des temps, saura périr dans un ultime orgasme en s’abandonnant pour une fois, la dernière, à l’étreinte d’un homme, un barbare, plutôt qu’aux caresses habituelles de sa servante, la petite Nadia. Mélange flamboyant et subtil d’érotisme et de pourpre, La papesse du diable n’est pas destiné aux premières communiantes. Le temps a patiné l’ouvrage plutôt qu’il ne l’a vieilli.