Ce livre évoque plusieurs guerres : des conflits à l'échelle planétaire mais toujours localisés et en majorité supportés par des mercenaires, un conflit entre un univers et un homme seul.
Ce dernier retient tout particulièrement l'attention de Dickson. L'univers, c'est celui qui a pour toile de fond la Culture Divisée. En un mot, l'homme de la Terre s'est morcelé en se spécialisant à outrance et en essaimant dans l'espace. Il est devenu les Amicaux (fanatiques religieux pour lesquels la notion d'individualité est morte), les Dorsaï (soldats professionnels, soldats nés), les Exotiques (philosophes et lesteurs-théoriciens de l'avenir proche) et une demi-douzaine d'êtres particuliers.
L'homme seul, c'est Tarn Olyn, un terrien complet, non spécialisé, possesseur de toutes les tendances humaines, journaliste moins impartial qu'il ne veut bien l'avouer. Pour se venger d'un malheur personnel, il cherchera à détruire les Amicaux en manipulant tout le monde. Mais c'est un terrien de pure souche. Sa vision du monde est truffée de déformations. Quelles chances possède-t-il de mystifier les peuples supérieurs de la Culture Divisée ?
Pour quelle guerre appartient au cycle de Dorsaï dont les éditions Opta ont déjà publié cinq volumes. Il s'agit d'un space-opera étayé sur une certaine évolution de l'homme. Une évolution non dénuée d'originalité. De l'humanité sont nées plusieurs races qui méritent le titre de race à part entière. Pourtant, elles sont tellement différentes les unes des autres qu'on pourrait les croire dépourvues de la moindre source commune.
Cet aspect du roman — aspect culturel et humain — me paraît plus passionnant que l'action elle-même, parfois un peu plate et pas toujours vraisemblable. Si Tarn Olyn ne convainc guère dans son rôle de justicier égocentrique et destructeur, peut-être en raison de son caractère déséquilibré et de ses idéaux manichéens qui font de lui un anti-héros, l'univers de Pour quelle guerre procure et suscite en revanche d'intéressantes réflexions sur l'avenir de l'homme.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/2/1987 dans Fiction 383
Mise en ligne le : 29/4/2003