Le Programme Troisième Guerre Mondiale n'est pas vraiment un roman d'espionnage, ni un roman policier, ni même un roman de guerre. Il y a un soupçon de chacun de ces aspects, donnant à l'ensemble une coloration indéfinissable et intéressante. Le style de Corgiat/Lecigne est d'une légèreté parfaite. Il sert efficacement une histoire aux scènes brèves et aux décors divers.
Alexander Hitten devient computerman. Il parvient ainsi à pénétrer dans Fort-Apsaras, domaine du super-ordinateur Wotan dans lequel est enregistré la mémoire de l'humanité mais qui contient aussi son monde propre : la computosphère. Là-bas, il y a quelqu'un, ou des gens, ou un programme, qu'il veut atteindre et peut-être anéantir. Alexander meurt trois fois au cours de ses premières tentatives et perd une partie de ses souvenirs. Le Programme Troisième Guerre Mondiale, il ne sait plus très bien ce que c'est. Il lui faut tout recommencer à zéro.
Comme dans Le Titan de Galova (Cycle des chimères, éditions Plasma), les auteurs ont intégré au texte une de leurs nouvelles, La vallée des ascenseurs, parue dans Univers 1983 (Editions J'ai Lu). Le procédé n'est pas inintéressant. I ! pose cependant des problèmes d'adaptation. En l'occurrence, le monde des ascenseurs, c'est-à-dire celui de la computosphère, propose un dépaysement trop brutal, sans finalité réelle puisqu'il demeure une énigme et que rien ne vient justifier ni sa présence, ni ses particularités.
Dans les scènes décrivant le retour du héros sur la plage de Santa-Maria, on peut voir un hommage ou un clin d'œil adressé à Michel Jeury et à sa plage de la Perte en Ruaba qui apparaît dans Le Temps Incertain.
Un roman limpide, meilleur que le titre ne le laissait présager, et d'une lecture aisée. Corgiat/Lecigne est un auteur à part entière, une seule et même entité, talent fusionnel et singulier. Leur signature risque de devenir au Fleuve Noir un label de qualité.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/5/1987 dans Fiction 386
Mise en ligne le : 28/4/2003