Né en 1955 dans le Gloucestershire, docteur en botanique, chercheur en Californie et à Oxford. Il publie son premier roman, Quatre cents milliards d'étoiles, en 1988, obtient l'Arthur C. Clarke Award pour Red Dust en 1993 et le Philip K. Dick Award. Il se consacre désormais entièrement à la littérature.
Dorthy Yoshida, jeune astronome japonaise, est envoyée sur une planète récemment découverte pour essayer d'en percer le mystère grâce à ses dons de télépathie.
Cette planète, P'thrsn, a été terraformée par une civilisation très avancée qui semble avoir disparu. Elle n'est plus habitée que par les "bergers", créatures primitives couvertes de fourrure et dotées de six membres, qui gardent des troupeaux d'herbivores semblables à des limaces géantes. Pourtant, lors de sa descente vers la planète, Dorthy perçoit une intelligence formidable quelque part au-delà de l'horizon. Les bergers auraient-ils un rapport avec l'Ennemi mystérieux contre lequel les hommes se battent à l'autre bout de la galaxie ?
À la fois récit d'aventures et quête initiatique, voici le premier roman d'un des plus brillants représentants de la nouvelle génération de la S-F anglaise, que les lecteurs français sont en train de découvrir.
Critiques
Brièvement entrevu dans les pages de Fiction à la fin des années 80, publié dans l'anthologie Century XXI (Encrage) puis dans les pages de Galaxies, c'est au tour des grandes collections de SF françaises de s'intéresser à Paul J. McAuley, l'un des écrivains les plus talentueux de la nouvelle vague britannique. Après Les Conjurés de Florence (Denoël « Présences »), et en attendant la traduction du splendide Fairyland, J'ai Lu publie aujourd'hui son premier roman.
Quatre cents milliards d'étoiles se déroule dans un futur assez éloigné. L'humanité est en guerre contre les Alea, une race extraterrestre dont elle ignore tout. Afin de percer leurs secrets, Dorthy Yoshida, une jeune télépathe, est envoyée sur une planète terraformée par les Alea. Son rôle au sein de l'équipe d'exploration est de tenter d'entrer en communication avec les créatures primitives qui peuplent ce monde, surnommées les Bergers, et de découvrir le lien qui les unit aux Alea.
Même si McAuley a fait bien mieux par la suite, ce premier roman est loin d'être inintéressant. Quatre cents milliards d'étoiles est un space opera mâtiné de hard science, s'inscrivant dans une tradition établie par Hal Clement ou Larry Niven, et poursuivie ces dernières années par des auteurs comme David Brin et Gregory Benford. Le traitement des divers thèmes de ce roman (télépathie, écologie, première rencontre avec une civilisation extraterrestre, etc.) n'est pas foncièrement original, mais il est globalement bien maîtrisé. Paul J. McAuley a su créer un univers crédible et intéressant, dont il ne révèle que progressivement les mystères. Ajoutons à cela un personnage principal féminin attachant de par sa complexité, qui plus est traité sans une once de machisme, et l'on obtient un roman qui, s'il ne bouleverse pas les données du genre, se lit avec un plaisir évident.
Souhaitons que J'ai Lu aura la bonne idée de traduire les deux romans suivants de McAuley, Secret Harmonies et Eternal Light, situés dans le même univers que celui-ci.
Loin dans l'espace, les vaisseaux d'exploration de la Terre sont détruits par une intelligence belliqueuse baptisée l'Ennemi. Ailleurs, la découverte d'une planète entièrement terraformée par une civilisation apparemment disparue intrigue militaires et scientifiques. Habitée par les « bergers », une espèce Carnivore primitive surveillant des troupeaux de limaces, elle recèle des formes de vie importées ou fabriquées. Pour certains, les bergers sont l'Ennemi retourné à l'état sauvage. Pour d'autres, ils sont les soldats prêts à se réveiller, comme semblent le confirmer les allées et venues autour du château, une structure complexe faite de tourelles et de flèches, au fond d'un fossé, et qui scintille de lumières phosphorescentes depuis l'arrivée des Terriens.
Réquisitionnée par les militaires pour son talent de télépathe, Dorthy Yoshida est chargée de sonder les créatures. Ce qu'elle perçoit dès son arrivée, c'est l'aura d'une formidable intelligence au-delà de l'horizon.
Sur la trame de ce space-opera ethnologique, McAuley brode un récit qui laisse la part belle à la psychologie et renouvelle agréablement le thème de la menace extraterrestre : comment aborder et comprendre une pensée étrangère, surtout si elle se révèle être sous l'influence d'une intelligence cachée autrement plus belliqueuse ?
Le roman se décompose en quatre longs chapitres au rythme inégal : Camp zéro, La Vallée, Le Château, Au cœur du mystère. L'intrigue se développe lentement au début, le suspense se diluant avec l'absence d'éléments de réponse. Aucune hypothèse sérieuse ne venant éclairer les observations des chercheurs, l'épisode plus aventureux du groupe isolé de la base et contraint d'assurer sa survie comme son retour constitue une bonne ponctuation à cette avalanche de questions sans réponses. Ce deuxième chapitre, le plus long, est le plus réussi même s'il est moins riche en informations, car il prend le temps de développer le récit.
Ailleurs, la densité d'information et d'action impose un rythme de lecture différent. Originale et surprenante, l'explication finale délivrée en fin de volume, au cours d'une conversation télépathique, pose également la différence fondamentale entre les deux espèces : alors que les Terriens croient au développement et à l'expansion infinies, les extraterrestres n'ont besoin que de s'immerger dans le monde : « L'unique sens de la vie, si l'on peut dire qu'elle a un sens, est de survivre. » Cette profession de foi est cependant contredite par la nécessité de disposer de « gardiens », pourvus d'intelligence et maîtrisant la technologie, pour préserver l'espèce originelle.
Mais la civilisation extraterrestre imaginée par McAuley est bien plus complexe et ambiguë, et sera d'ailleurs développée dans une suite que, il faut l'espérer, J'ai lu traduira bientôt.