Le rideau de glace se présente comme une pièce de théâtre en trois actes. Dans un décor confiné et apparemment étroit, privilégiant des lieux particuliers : une prison, un théâtre, un temple oublié.
Premier Acte : la pièce de théâtre à l'intérieur de la pièce de théâtre. Le principe en est simple. Des condamnés à mort montent un spectacle dans lequel ils périssent, voilà une bonne idée de Billy. C'est la fin suprême, la possibilité de mourir honorablement. Les représentations annuelles attirent des milliers de gens. La fête bat son piein, le Grand K est content. Il tient le monde dans sa main.
Deuxième Acte : l'évasion d'un prisonnier au moment où il va se donner la mort sur scène. De mystérieux protecteurs le recueillent qui veulent renverser le Grand K.
Troisième Acte : le coup d'Etat proprement dit, la mort du Grand K, la fin tragique de quelques personnages de premier plan, le happy end mi-figue, mi-raisin.
Ça n'est pas du grand art et ça manque parfois de consistance. Cependant, c'est d'une simplicité lisible, correctement écrit, avec un vocabulaire plutôt riche. Les personnages arborent de gros traits psychologiques, ils sont carrés, sans nuances et sans surprises, mais bon. on s'y fait. Le roman se lit bien et vite. On n'a pas le temps de s'ennuyer, ni celui de se passionner. Dans l'ensemble, c'est pas mal.
Et surtout, on sent que Billy est capable d'écrire des romans plus fouillés. Alors, on va attendre, avant de le juger. Il possède des qualités : la nervosité, un style alerte et direct, un large râtelier de mots bien choisis et parfois colorés. A lui d'affiner ses bonnes dispositions et de se montrer un tantinet plus ambitieux.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/7/1987 dans Fiction 388
Mise en ligne le : 20/4/2003