DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 384 Dépôt légal : septembre 1984, Achevé d'imprimer : août 1984 Première édition 256 pages, catégorie / prix : 7 ISBN : 2-207-30384-5 Format : 10,6 x 17,7 cm Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Que faire quand on est un mister bien rangé,
vivant en parfaite harmonie conjugale
avec son monsieur, et qu'on gagne la dernière femme
(congelée) à un concours auquel on n'a pas joué ?
Sortir ses poignées rétractiles
de sa colonne vertébrale en plastique
et prendre le métro pour aller quérir son prix.
Il faut dire qu'Avon, l'heureux gagnant,
en a vu d'autres puisque, quand il était petit,
ses pères le menaçaient de le manger
s'il ne trouvait pas acquéreur à l'âge de 10 ans.
Comme le fut la petite Noëlle, fillette surdouée qui
malgré son intelligence et sa grande gueule,
passa nonobstant à la casserole...
À peine un hors-d'oeuvre pour un festin
d'un genre particulier auquel vous convie ce roman,
très noir, très tordu, très dérangeant.
L'auteur :
Né en 1960, Emmanuel Jouanne
fait des études de mathématiques et de philosophie.
Il a publié, outre plusieurs nouvelles, Damiers imaginaires (Présence du Futur)
et Nuages aux éditions Robert Laffont.
Critiques
Ceci n'est pas un livre. Tout l'atteste : la couverture noire, les masques de comédies antiques qui l'ornent, la dédicace (« Aux menteurs de tous poils et de toutes plumes »), l'épilogue ( ?) : « Toutes ces histoires sont fausses ». Ceci n'est pas non plus un livre d'Emmanuel Jouanne, en tout cas pas de l'E. Jouanne révélé par Nuage (et non pas Nuages, comme l'écrit si joliment la directrice de collection perdue dans les siens) chez Laffont ou par Damiers imaginaires dans cette même collection chez Denoël. La seule continuité qu'on pourrait trouver à propos de ces trois ouvrages réside dans le nom de l'auteur. Il faut savoir également qu'entre la date d'écriture d'un livre et son édition, il se passe parfois beaucoup de temps — prenons-en pour preuve les « inédits posthumes » d'un tel ou un tel. (Proposition : un auteur mort est un bon auteur ou bien un auteur oublié).
Jouanne, à l'instant précis où j'écris ces lignes (et non à celui où vous les lisez) n'est pas mort. Ici-bas est le dernier livre qu'il a publié, ce n'est pas le dernier qu'il ait fait. Mais ce domaine est ainsi conçu qu'on ne peut réellement parler, tout en restant plausible, que des livres tirés à plus de trois exemplaires.
Ici-bas, disais-je, n'est pas un livre : c'est un parcours labyrinthique dans lequel il n'existe pas de case départ. Ici-bas n'est pas un livre d'E.J., c'est un livre sur E. Jouanne. Imaginez un monde où la gent féminine aurait disparu, où il y aurait des misters et des monsieurs, bref des gens comme vous et moi, car le milieu SF comporte relativement peu de filles (pourquoi ? oui : pourquoi n'êtes-vous pas des filles ?). Un monde où il serait possible de gagner à une loterie sans y jouer, et gagner bien sûr le gros lot (une fille), sans le mode d'emploi. Que faire alors ? A part suivre un Comédien qui paraît détenir un pastiche de solution. Que faire, sinon errer dans les profondeurs du monde et rencontrer les fabricants de rêves, les squatters qui propulsent leurs maisons à la surface ?.. Que faire lorsque les masques posés sur son visage ne peuvent s'enlever et qu'il faut en poser d'autres afin de retrouver peut-être l'illusion de la réalité ? Quel est le comportement d'une marionnette quand celui qui la contrôle en arrive à la fin de son histoire ? « Tu ne bougeras jamais plus. Jamais plus. Il y a tellement à voir dans ces lieux où il ne se passe jamais rien. Tellement à inventer ! »