Après avoir résolu L'Enigme de Floria, l'équipage du Daedalus poursuit son chemin dans l'univers sur les traces d'une colonisation humaine qu'il craint défaillante. Son prochain objectif : la planète Dendra. Dans quel état va-t-il trouver la colonie qui s'est établie sur ce monde-forêt quelques cent-cinquante années auparavant ?
Pitoyable est la réponse. La réussite des humains sur Floria n'amoindrit nullement les effets de l'échec de leurs congénères sur Dendra. Au contraire, le contraste n'en paraît que plus aigu.
Ces pauvres colons se laissent ballotter par les courants de la mort ; ils sont comme des enveloppes vides, munis d'un cerveau grillé, incapables de survivre. Ils s'éteignent à petit feu. Les hommes du Daedalus ne comprennent pas les raisons de cette déroute. Que s'est-il produit qui puisse expliquer le quasi-anéantissement d'une communauté humaine de près de quatorze-mille unités ? La beauté de la forêt et les charmes irrésistibles qui émanent d'elle sont-ils responsables de cet état de fait, de ce retour au chaos ? Ou s'agit-il de quelque chose de plus grave encore ?
Au fond, cette défaite douloureuse ne peut-elle pas passer pour une prodigieuse victoire, pour le triomphe de l'adaptation suprême ?
Stableford, bien sûr, se fait fort de dissiper le mystère qu'il a lui-même instauré. Cependant, son roman présente le défaut d'être truffé de longueurs. En outre, le manque de personnages nouveaux, bien que cette absence soit voulue par l'auteur, se fait cruellement sentir.
Le Seuil Critique me déçoit un peu. Ce livre, trop peu oxygéné, aurait pu donner lieu à une bonne novella. En effet, les réflexions à la fois générales et particulières du « héros narrateur » ne suffisent pas à meubler la lenteur et la pauvreté des péripéties.
A trop souffler, le lecteur s'essouffle.
Éric SANVOISIN
Première parution : 1/5/1986 dans Fiction 374
Mise en ligne le : 11/11/2003