2039, Voici venu le temps des hypersystèmes. C'est la lutte finale pour la domination du genre humain. Entre Dunn et Lunar, l'humanité va connaître l'unité annoncée par les prophètes. Shri Asanab Van Varagan, numéro 3 de l'Ecosénat, pourra-t-il l'empêcher ? Pendant que le syndrome psychiatrique Soleil chaud poisson des profondeurs fait des ravages dans toutes les castes de la population et que, aux portes de l'empire, les cavaliers de Malek Ozoungaria attendent les premiers signes de déconfiture pour donner l'assaut à l'hôpital Garichankar, puis au monde tout entier... 2039 : La fin des hypersystèmes ?
Michel Jeury se consacre à la science-fcition depuis de très nombreuses années. Sous le pseudonyme d'Albert Higon, il a obtenu en 1960 le prix Jules Verne. Parmi ses oeuvres plus récentes, qui ont profondément renouvelé la science-fiction française, et qui ne sont pas sans rappeler l'univers de Philip K. Dick, il faut citer le Temps incertain, les Enfants de Mord, les Singes du Temps, et Cette terre, parus dans cette collection.
Relié par mille liens aux deux précédents romans et à la longue nouvelle incluse dans Utopie 75(entre autres : l'hôpital Garichancar du Temps incertaindresse dès le début l'espoir d'apprivoiser l'inconnu ; les « empires » Dunn et Lunar des Singes du tempss'affrontent d'un bout à l'autre ; et, à la fin, le prophète libertaire Oslobo Maslorovo annonce la Fête du changement),ce nouvel ouvrage de Michel Jeury va plus loin encore en complexité et en difficulté. Car Jeury qui, lorsqu'il signait Albert Higon des romans très vanvogtiens au RAYON FANTASTIQUE, élaguait et cartésianisait son maître, applique, maintenant qu'il a trouvé sa voie propre, le généreux principe de van Vogt : jeter à la volée toutes ses idées dans l'œuvre du jour sans se soucier de trier et d'en garder en réserve pour d'ultérieures semailles. Dans une société profondément aliénée, où l'espace même dont on dispose est illusoire (spacionique), les êtres cherchent follement une issue, volontairement par les « scenics », le culte des « désirs abjects », ou les rêves éveillés au temps dilaté fournis par l'alosan, ou pathologiquement par les syndromes psychosomatiques d'évasion (« soleil chaud ») ou de repli (« poisson des profondeurs »). Plus rien n'est sûr : l'autre n'est peut-être pas lui-même, puisque la cérébrotomie permet de changer de corps mais qu'« un lien subsiste entre le cerveau et le corps séparés » ; et je est un autre, puisque les grandes machines pensantes, par « brain-contact », peuvent « s'affronter jusque dans les cerveaux des hommes ». A tout instant, chacun peut douter s'il vit la réalité ou un scénario conçu par lui-même ou par un autre, en un jeu infini de miroirs déformants. Sans pitié. Jeury traîne ses multiples personnages de terreur en torture, prisonniers-de ces cauchemars emboîtés ; mais lui-même ne se débat-il pas dans le cauchemar d'un autre ?