TIGRE apportait la mort. Dans ce monde qui se dévorait lui-même et où les sectes démentes pullulaient comme des larves dans une blessure, il était "celui qui porte le couteau". Un prophète pour les uns, et pour les autres, ceux qui détenaient encore un semblant de pouvoir, une sanglante énigme à résoudre... avant que le compte à rebours ne se mette en marche ! Tigre avançait inexorablement à travers la nuit rouge...

     Daniel Walther nous revient avec Tigre, un nouveau roman, après le demi-échec de son dernier recueil, Le Rêve du Scorpion et Autres Cauchemars, aux éditions NéO, auxquelles il a donné quelques uns de ses meilleurs titres, pour mémoire Les Quatre Saisons de la Nuit et Nocturne sur Fond d'Epées.

     Comme on pouvait s'y attendre au vu de ses déclarations et textes non-fictionnels récents (« Si je ne devais écrire que pour mon propre plaisir et si j'étais sûr de publier ce que j'écris, je crois qu'au moins dans les prochaines années, je n'écrirais plus que du Fantastique » ; in Ere comprimée n° 40), Tigre, bien que publié en Anticipation et se déroulant dans un univers de SF, se trouve marqué du sceau indélébile du Fantastique et est le témoin du passage de son auteur à l'écriture de romans relevant dudit genre. Et je ne pense pas beaucoup me tromper en affirmant que s'il avait disposé d'une collection plus « typée », il aurait écrit ce livre dans une optique différente, le poussant bien davantage dans l'obscur et le surnaturel, mais c'est une autre histoire !

     Edvard Jakob Greit, plus connu sous le nom de Tigre (simple anagramme de Greit), est un homme, ou plutôt une bête de la nuit, un tueur fou et sanguinaire. Sortant exclusivement après le coucher du soleil, revêtu de cuir noir, il assassine et mutile froidement hommes, femmes, enfants et vieillards, au hasard de ses déambulations nocturnes, guidé par la voix du Roi des Ténèbres, son maître. Pour le contrer et le faire neutraliser, le gouverneur fait lancer à ses trousses Samuel Merrivale, un ancien détective malade et drogué. Celui-ci, aidé par Brice Lansford, un de ses amis flics et membre d'une secte étrange, et Lucius Caldwell, docteur et propriétaire de l'ordinateur Bérénice, commence son enquête, et la traque commence  !

     Daniel Walther nous convie ici à une histoire envoûtante rondement menée, sulfureuse à souhait, rendant hommage à Lovecraft, qu'il affectionne de toute évidence beaucoup. Le découpage est parfait, l'ambiance est bien rendue, le style est bon, bref, le courant passe ! Seule ombre au tableau : un dénouement faible et maladroit bien en dessous de celui auquel on pouvait s'attendre. Mais que cela ne vous dissuade pas de vous lancer dans la lecture de Tigre dont vous ne pourrez qu'apprécier, outre son climat et son intrigue Fantastique, l'érotisme et la sensualité. Une sensualité du désespoir toujours proche de l'amour fou...