Une cinquantaine de voitures de pillards, quelques cavaliers, pillards ou sédentaires, des chariots bâchés de sédentaires, deux grandes catapultes en bois, et un troupeau de lapins des sables, le tout guidé par une unique moto, avec comme conducteurs Ange et la motarde Sybille, voilà une armée assez bizarre et plus que disparate pour aller saluer le monde... Sauver le monde ? Oui : Krina, fille du tyran Geilnar que Ange avait abattu dans le premier épisode, s'est empressée de succéder à son père et de perpétuer sa domination sur la Terre... Non seulement ça, mais elle a aussi enlevé Romi et Sinddès, les deux amis d'Ange qui l'avaient aidé ! C'est pourquoi Ange et son étrange armée se dirigent vers Lankor, la ville d'acier. Il faut abattre une bonne fois pour toute la tyrannie...

     L'Ange du désert, premier volume de cette série, ne m'avait pas vraiment convaincu : il était très banal, et pas terriblement bien construit ni bien écrit. Cette fois-ci, bonne surprise, la « formule » fonctionne nettement mieux. Ce roman est plein d'humour, ce qui est bien agréable, il est parfaitement mené, écrit aussi correctement qu'on peut l'attendre d'un roman populaire... Il s'agit d'un vrai petit bijou de science-fiction d'aventure, en fait. S'il fallait faire des comparaisons, les noms de Gilles Thomas et d'Hugues Douriaux me viendraient à l'esprit : Pagel se place ouvertement dans la lignée de cette tradition populaire. Et encore : avec l'humour en plus. Humour du langage, d'abord, mais aussi de certains détails du « background », comme ce gros barbu nommé Orson... D'autre part, ce volume annonce les suivants, avec en particulier les promesses empoisonnées faites par Orson et Krina en fin d'épisode.

     Beaucoup de rebondissements et d'épisodes à venir, me demanderez-vous ? Oui et non... Oui, Michel Pagel les avait bien prévu (le 3e tome, L'Epée maudite était annoncé et écrit). Non, car l'éditeur a brutalement décidé de mettre fin aux multiples séries qui existent au sein d'Anticipation, et a donc refusé lesdites suites. C'est assez désagréable pour le lecteur qui commençait à prendre goût à cet Ange du désert (et pour l'auteur, bien entendu !). C'est hélas ainsi, le Fleuve Noir ne semble pas trop s'embarrasser de considérations comme le respect de son lectorat... C'est aussi ça, la tradition de la littérature populaire, je suppose.