Circulant entre les planètes à des vitesses « supra-lumineuses », les hommes observent toujours, lors de la réintégration dans l'espace-temps ordinaire, une forme colossale et vague ressemblant à un 9 de pique. Un couple d'astronautes, fraîchement épris l'un de l'autre, est expédié aux limites de la Galaxie pour des essais de vol intergalactique. Obsédés par le problème du 9 de pique et aiguillés par certaines allusions ésotériques proférées par un Tibétain, ils finissent par conclure à une « conscience » de la galaxie, considérée comme un colossal être vivant. Cet être fabuleux existe-t-il vraiment ? Les explorateurs amoureux ne sont-ils pas les victimes de quelque magie ? Ou de quelque supercherie ? Le 9 de pique le leur dira...
Il s'agit d'un roman tout à fait remarquable et injustement oublié par les éditeurs de science-fiction.
John Amila a publié, sous ce nom, outre Le 9 de pique, plusieurs excellents romans parus dans la « Série Noire ». Mais il est aussi fort connu sous son véritable nom, Jean Meckert. Né en 1910, il a une longue carrière de romancier de talent derrière lui. Il a publié en effet de nombreux romans dans la collection blanche de Gallimard, en particulier Nous avons les mains rouges et Les coups. Il a aussi publié sous son nom et chez le même éditeur, en 1949, un curieux récit d'anticipation intitulé Journal de Marcel. La ville de plomb : 62 pages disséminées en 10 fragments dans son roman La ville de plomb. Il a été également le scénariste du célèbre film de Cayatte : « Nous sommes tous des assassins ». Il est, en outre, l'auteur de nombreux dialogues de films.
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Le 9 de pique (EURÉDIF, 1984)
Critiques
François Guérif, rédacteur en chef de la sympathique revue Polar, présente ainsi le roman d'Amila qui date de 1956 : « C'est l'originalité et le formidable humour de l'idée de base alliés à la simplicité d'un style populaire qui font que Le 9 de pique est une œuvre unique qui garde encore aujourd'hui tout son impact ». Comme on aimerait souscrire à cette généreuse évaluation ! Hélas, il m'a semblé que ces qualités étaient les principaux défauts du livre. L'écriture est lourde et sans finesse, si bien que le style « populiste à la française », qui pourrait être plein de charme désuet, n'est qu'irritant et ringard. Les personnages sont stéréotypés, les situations convenues et prévisibles. La fantaisie est étriquée, inversement proportionnelle à l'énormité du canular qui sert d'argument au livre. Le tout peut faire penser à du Boris Vian dégradé et ce « roman bâclé en trois semaines » (dixit l'auteur) ne méritait pas d'être repêché dans le catalogue du Rayon Fantastique, sinon à titre de curiosité perverse. Il est certes rassurant de voir que le développement actuel de la SF française conduit celle-ci à chercher à se constituer un passé. Mais, à mon sens, c'est une erreur d'exhumer pour ce faire d'imbuvables vieilleries, qui collent une bonne nausée au présent et sabotent l'avenir !