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Les Rives d'Antipolie

Mathieu GABORIT

Première parution : Paris, France : Mnémos, Science-fiction, mai 1997
Cycle : Bohème  vol. 1 


Illustration de David SALA

MNÉMOS (Paris, France), coll. Science-fiction n° 21 suivant dans la collection
Dépôt légal : mai 1997, Achevé d'imprimer : mai 1997
Première édition
Roman, 224 pages, catégorie / prix : 3
ISBN : 2-911618-20-3
Format : 11,0 x 17,5 cm
Genre : Science-Fiction

Autres éditions
   in Bohème, MNÉMOS, 2008
   in Bohème, 2015
   in Bohème, 2022

Quatrième de couverture

" - On est bien loin de Prague, camarade. Ici, la cité ne vient jamais. Alors, perdu au beau milieu de l'écryme, on oublie comme on peut."

   Un dirigeable s'est échoué dans l'écryme, cette substance étrange et dangereuse qui a submergé la Terre, et que surplombent les traverses liant les cités subsistantes. A son bord, une cargaison clandestine envoyée aux révolutionnaires moscovites par les époux Kechelev, gagnés à leur cause. C'est donc leur fille Louise, avocate-duelliste , qui quitte Prague pour aller récupérer la cargaison. Elle sera confrontée aux intrigues du seigneur féodal de la région ou gît le dirigeable, et à l'enquête de la Propagande qui dissimule les secrets de l'écryme.

   Fils de la lune bleue, Mathieu Gaborit est à 24 ans l'auteur le plus prometteur du fantastique français : son imagination hallucinante et son style sensible composent d'étonnants univers. Après deux cycles de fantasy (Les Crépusculaires, Abyme), il nous entraîne avec Bohème dans un monde à la Jules Verne, un XIXe siècle de science-fiction et de cape et d'épée. Les rives d'Antipolie est son sixième roman.
Critiques
     Dans un monde submergé par l'Ecryme, une mort liquide, le couple Kechelev mène un combat révolutionnaire contre le régime en place. Mais le Lysandlr, le dirigeable qui transportait leur matériel illégal, vient de s'écraser. Louise, leur fille, est seule susceptible d'aller chercher cette cargaison tombée aux mains d'un dirigeant local. Avocate-duelliste de formation, elle prend la route, un cheminement qui lui dévoilera quelques-uns des mystères de l'Ecryme...

     Mathieu Gaborit, qui jusqu'ici s'était cantonné dans le domaine de la Fantasy (cycles des Crépusculaires et d'Abyme, toujours chez Mnémos) nous livre donc, avec Les Rives d'Antipolie, son premier roman de Science-Fiction. Et force nous est donnée de constater que pour un coup d'essai, voici qui est plus que prometteur. En effet on ne se lasse pas de naviguer dans cette Europe déchirée, de découvrir comment la catastrophe de l'Ecryme influe tant sur les protagonistes que sur la technologie (très baroque). Le tout prenant place dans un univers pas fondamentalement novateur mais ne manquant pas d'intérêt (à mi-chemin entre Russie communiste décadente et société de survivance post-apocalyptique, c'est dire...), un monde déchiré vu au travers de personnages à la psychologie remarquablement affinée. L'occasion de découvrir un univers complexe, combinaison de politique et de corps de métiers érigés au rang de castes (peut-être un héritage de ces univers de Fantasy familiers à l'auteur).

     Le premier texte d'une série intitulée Bohème ainsi que le premier volume de la collection Mnémos à paraître sous le label Science-Fiction (enfin...), un premier volet sans doute pas révolutionnaire mais qui a le mérite de nous faire languir d'une suite.

Jean-Félix LYON
Première parution : 1/10/1997 dans Bifrost 6
Mise en ligne le : 20/2/2004


     Nous voici plongés dans une Europe étrange, une Europe familière et inconnue à la fois. Certains repères donnent à penser que nous sommes à la fin du siècle dernier, mais d'autres, toujours plus nombreux, modifient subtilement notre vision du passé, permettant au fantastique de s'affirmer dans un monde cartésien. Le premier élément qui détonne est l'écryme, mystérieuse substance mortelle qui recouvre la terre et dont seules émergent quelques grandes villes telles Prague et Moscou. Entre elles s'érigent d'immenses voies, appelées les traverses effeliennes.

     Gaborit nous peint un monde à mi-chemin de Jules Verne et du surnaturel. J'utilise à dessein le verbe « peindre » car l'auteur, et c'est son atout majeur, est capable en deux ou trois mots de vous brosser une situation, un décor, sans jamais alourdir le style. La plume est toujours alerte, virevoltante. On ne peut pas s'ennuyer avec une telle écriture. La scène où il décrit l'immeuble formé de carrosses est un modèle du genre : quelques indications, deux adjectifs, et le décor est planté. Tout le roman est calqué sur ce principe qui produit au final un récit très visuel.

     A ce style vient s'allier une imagination débridée, qui se permet toutes les audaces. L'originalité des idées donne aux décors le parfum exact, légèrement suranné, qui leur convient. Progressivement se dégage une atmosphère douce-amère, parfois rompue par des explosions de violences.

     Une des caractéristiques importantes de ce premier tome est le souci constant de Mathieu Gaborit de ne jamais rien révéler du passé ni de l'écryme. Un mystère continuel plane, ce qui renforce l'étrangeté de son monde et l'impression de « quelque chose » hors du temps, hors de n'importe quel temps. C'est un effet très réussi, qui crédibilise étonnamment ses descriptions et contribue pour beaucoup à la magie pénétrante et sulfureuse de l'Ecryme. Ma curiosité est cependant exacerbée et j'espère bien avoir des explications dans le prochain tome.

     Malheureusement, l'auteur, trop occupé à mettre en mots ses imaginations foisonnantes, oublie parfois l'intrigue et la crédibilité de son sujet. Dans ce roman subsiste encore le défaut marquant de sa première trilogie Les crépusculaires (chez le même éditeur) : on assiste parfois à un amoncellement d'idées, de trouvailles, qui tout en mettant en place cette ambiance exceptionnelle, alourdissent la structure du récit, étourdissent le lecteur. Le fil de l'intrigue s'égare dans ces beaux décors, et du coup le roman perd de son intensité. Néanmoins, l'auteur corrige de mieux en mieux ce défaut et prend de plus en plus souvent le temps de clarifier la trame du roman. Ces pauses sont toujours les bienvenues.

     Il reste par contre, tout au moins de mon point de vue, un problème important du côté des personnages, qui me semblent falots. On a peine à s'attacher à Léon, à Louise, qui pourtant sont les protagonistes du roman. Cela crée une distanciation malvenue qui dévalue les scènes d'action, entre autres. On tremble rarement devant le danger qu'ils encourent.

     Somme toute, Les rives d'Antipolie est un roman court, débordant d'originalité, mais dont la construction, notamment du point de vue de l'intrigue, s'avère parfois un peu décevante.

     J'attends beaucoup du second tome de Bohème, car Mathieu Gaborit est un auteur à découvrir de tout urgence : il s'affirme de livre en livre, et s'il n'a, de mon point de vue, pas encore écrit de chefs d'oeuvre, la lecture de ses romans et du premier tome de Bohéme en particulier, est agréable et représente une bouffée d'oxygène entre deux productions stéréotypées comme on en lit beaucoup trop actuellement.

Benoît LUCAZEAU (lui écrire)
nooSFere

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