La série vient de trouver sa conclusion avec le sixième volume L'asile. Le critique peut donc envisager le récit dans sa globalité et rendre un verdict attendu par un certain nombre de lecteurs potentiels, qui attendaient la publication de l'intégralité du cycle avant de l'acheter. Force est de constater que Les Chroniques de Blackstone ne s'adressent qu'à un public de néophytes en matière de fantastique ou d'amateurs de sensations. John Saul est un professionnel du procédé efficace et de l'écriture stéréotypée. Chaque volume part du même postulat : un objet maléfique est déposé dans une famille et engendre bien des malheurs. Le traitement est basique, rigoureusement identique dans les cinq premiers volumes et aboutit aux mêmes conclusions : destruction de la cellule familiale, mort du principal protagoniste et retour sur un passé oublié. Le but de Saul est clair, il veut amener le lecteur à se demander comment la victime va mourir et non pas qui va mourir et pourquoi. Il laisse cette dernière interrogation de côté pour le volume final, pour soutenir un suspense qui est, avouons-le, bien fade. L'aspect fantastique, fort peu visible, est tout de même entretenu par les effets néfastes des objets provenant de l'asile. Pourtant, John Saul n'hésite pas à le restreindre fortement dans sa conclusion assez prévisible et si mièvre (ce happy end cher aux Américains !) qu'elle fait oublier l'efficacité relative de l'ensemble.

     Les Chroniques de Blackstone sont un échec littéraire, un pari perdu face à La ligne verte de King, mais peuvent amener certains nouveaux lecteurs à pénétrer plus loin dans l'univers du fantastique. Reste à savoir si la lisibilité de l'œuvre résistera à la lassitude due aux effets de répétition et à un manque singulier d'originalité.