K.A. Applegate est une habituée des séries au long cours ; si les
Animorphs (transposition des
Power Rangers en romans) reste pataude,
Prénom Zoe (une série sentimentale) et surtout
Everworld (cycle de
fantasy) décoiffent particulièrement. Le thème des
Survivants est d'une simplicité confondante : avant la destruction de la Terre par une météorite vagabonde, la NASA a tout juste eu le temps de bricoler un équipement cryogénique dans une navette réformée. Après cinq cents ans d'errance dans l'espace, elle atteint une planète habitable. Mais la situation se dégrade à toute allure : si les Survivants doivent découvrir les mystères de ce monde nouveau, il leur faut d'abord réussir à... survivre. Car leur nouvelle Terre sort tout droit de l'imagination d'un démiurge fou : son écosystème est constitué à partir des tableaux de Jérôme Bosch et de Pierre Bruegel l'ancien. Si ce monde semble à première vue peuplé d'inoffensives silhouettes, celles-ci cèdent la place dès la nuit tombée au déferlement des créatures des ténèbres qui hantent ces peintures. Et ce ne serait rien s'il n'y avait les Vers qui dévorent les Survivants et
— au moins — deux espèces d'extraterrestres belliqueux. Après évacuation des lieux, les héros atteindront — en baleine volante ! — un vaste océan parsemé de gigantesques statues issues du patrimoine de l'humanité. Mais sauront-ils faire naviguer la frégate Constitution ? Harcelés, brisés, mutilés, ils tombent de Charybde en Scylla...
Dans cette série noire à souhait, tous les espoirs de l'humanité reposent sur une poignée d'adolescents en guerre ouverte. Car le voyage a entraîné de bien curieuses mutations. Monstres — seulement en apparence — s'accrochant à leur humanité, c'est contre eux-mêmes que les Survivants doivent livrer leur plus difficile combat. Véritable orfèvre du roman d'aventures, Applegate sait merveilleusement confronter au danger ses personnages lâches, faibles, rigides, terrifiés — c'est-à-dire terriblement humains et attachants.