Je l’avoue, ce qui m’a d’abord attiré vers Le troupeau aveugle de John Brunner, ce sont les sublimes couvertures de l’édition J’ai Lu (en deux tomes), illustrées par Philippe Caza. Je vous invite d’ailleurs à jouer au jeu des sept différences entre les deux — les détails méritent vraiment qu’on s’y attarde. En plus, je venais tout juste de terminer Swan Song de Robert McCammon, une série post-apocalyptique dans le même genre. Alors forcément, le quatrième de couverture du Troupeau aveugle m’a vendu une vibe similaire, un récit de fin du monde qui promettait une atmosphère tout aussi intense.
Soyons clairs : je n'ai pas aimé Le Troupeau aveugle… mais pas tout à fait.

Le monde est devenu invivable. L’air n’est respirable qu’à travers des masques, et encore, pour espérer éviter un bon gros mal de gorge. Les guerres se multiplient, les famines aussi, les océans sont un dépotoir chimique, les épidémies s’enchaînent. Bref, un avenir des plus réjouissants.
Nous suivons les aventures, sur une année, de toute une galerie de personnages : Philip Mason, cadre haut placé dans une compagnie d’assurance ; Austin Train, fondateur du mouvement révolutionnaire des Trainites ; Petronella Page, star du petit écran ; Pete Goddard, flic à Towerhill ; le président Prexy ; le Dr Clayford ; la famille Bamberley ; Peg Mankiewicz ; Lucy Ramage ; Hugh, Chuck, Kitty, Ossie… et j’en passe.

Vous l’aurez compris : le roman aligne une sacrée galerie de personnages. Ce n’est pas un problème en soi, sauf que le récit est morcelé en une multitude de vignettes du quotidien, entrecoupées d’émissions télévisées, de poèmes et de bulletins d’actualité. Résultat : un patchwork dense, souvent confus, qui fait perdre en rythme autant qu’il enrichit l’univers.
L’ensemble raconte bel et bien une histoire : tous ces petits épisodes finissent par s’entrelacer, les personnages se croisent, les fils se tissent. Mais malgré tout, ça reste fouillis.
Sur le fond, il y avait vraiment de quoi faire quelque chose de bien — j’ai même apprécié l’histoire en elle-même. Mais la forme, aussi originale soit-elle, gâche complètement le plaisir de lecture. Ce style morcelé finit par fatiguer.

Il m’a fallu trois semaines (une éternité pour moi) afin d’avancer dans ma lecture… et j’ai fini par abandonner, à une cinquantaine de pages de la fin du second tome. Frustrant.

Dakow (lui écrire)
Première parution : 16/4/2025
nooSFere