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Elia, la passeuse d'âmes
 
Marie VAREILLE
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   Volumes de la série   
1 /   Elia, la passeuse d'âmes , 2016
2 /   Saison froide , 2018
3 /   Saison chaude , 2019
Critiques

Marie Vareille a écrit plusieurs romans assumés girly (entre autres La vie rêvée des chaussettes orphelines, Le syndrome du spaghetti, Ma vie, mon ex et autres calamités : j’adore ces titres) et, ayant lu les séries Divergente et Hunger Games, elle a décidé de s’y mettre aussi. Il s’agit donc d’une trilogie romanesque classiquement dystopique, avec tous les ingrédients du succès. Passons en revue ces trois romans.

Elia, la passeuse d’Âmes (2016). Elia est Passeuse d’Âmes. Son métier consiste à euthanasier officiellement les personnes qui ne servent plus au bien de la Communauté. Elle appartient à la caste des Kornesiens (la plus élevée ; il y en a deux autres : les Askaris, caste intermédiaire et les Nosobas, autrement dit les moins que rien). Dans ce système totalitaire, sur une Terre dont on comprend qu’elle a subi un choc écologique, tout va pour le mieux pour Elia, qui fait son métier sans se poser de questions. Son père, Narvik, est un homme bien placé, elle a tout le confort qu’elle désire et adore jouer/s’engueuler avec sa petite sœur Édeline.

Tout se passe à merveille jusqu’au jour où Solstan, un Nosoba, est arrêté sur son lieu de travail, à l’hôpital, en train de voler de l’aspirine. Il est capturé et elle doit l’euthanasier comme elle le fait avec tous les autres. Mais Solstan la convainc de le laisser vivre. Elle qui n’avait jamais connu d’imprévu décide de l’aider à s’enfuir. Cela la met immédiatement en danger. Son père gère la situation en lui disant de se tatouer le N des Nosobas sur le bras et d’aller s’exiler dans le Secteur Nord, là où la police, les Défenseurs, n’iront pas la chercher, le temps que la situation se tasse. Ainsi, du jour au lendemain, Elia change de vie : elle va devenir ouvrière dans les mines de Phosnium, travailler pour un salaire de misère en crevant de froid. Elle se fera des amis : Tim, la belle Ahria… et Solstan.

Je ne vais pas raconter ces pages, extraordinaires car non seulement les personnages sont plutôt fouillés, mais le pari est réussi quant à la description d’un monde, d’une société, d’une manière de fonctionner. C’est flippant, c’est sombre. Suivre Elia est hyper stressant, d’autant plus qu’à la fin de ce tome 1, elle se met en tête d’aller sauver sa sœur… en devenant Défenseur ! Autrement dit, quand il ferme ce roman, le lecteur est très content car :

  • la description de l’univers dystopique est impressionnante ;

  • les personnages sont ultra-attachants ;

  • l’histoire personnelle d’Elia est fascinante.

On ne demande qu’une chose : lire la suite !

 

Saison froide (Elia, la passeuse d’âmes 2, 2018). Ce deuxième opus commence à la seconde où se termine le premier. Elia est au Conclusar, là où l’on forme les futurs Défenseurs. Cet endroit est dirigé par l’odieux Sado Kill.

Les cent premières pages sont atroces, dignes des pires moments de Hunger Games. La formation des futurs Défenseurs c’est "marche ou crève". Les séances de torture s’enchaînent… et quand Elia voit sa sœur Edeline, elle va tout faire pour se rapprocher d’elle, en compagnie de Solstan.

En parallèle, les amis qu’Elia s’était faits dans le tome 1, Ahria et Tim, survivent comme ils peuvent dans le Secteur Nord. Tim, dont la mère meurt de maladie et de pauvreté (il n’a pas pu la faire soigner), sombre dans la drogue (la fameuse Redmoon), jusqu’au jour où il rencontre les Combattants de l’Aube, Alek en tête. Sa vie va changer et il va s’engager corps et âme dans la résistance.

Ce deuxième roman est encore meilleur que le premier : c’est bourré d’action, de suspense, de tension. Avec ses cheveux roux, Elia est toujours au centre d’une prophétie (pour libérer les Nosobas du joug kornésien). Il est rigoureusement impossible de lâcher le roman tant qu’on n’est pas à la dernière page. D’autant plus qu’Elia ne sait pas tout : son père n’a pas le temps de tout lui révéler, mais il lui ordonne de survivre car un destin grandiose l’attend.

 

Saison chaude (Elia, la passeuse d’âmes 3, 2019). Là encore, le roman commence à la seconde où se termine le précédent. C’est la fin de la saison froide, les pluies acides annoncent la saison chaude à venir. Les péripéties de l’intrigue font que Elia devra se réfugier dans le secteur agricole, qui n’a rien à envier au secteur minier en termes de souffrance (cette fois-ci c’est la chaleur étouffante des serres qu’elle subit).

La résistance continue, malgré les trahisons. Solstan Défenseur est toujours obligé de se tenir à carreau (pour protéger son petit frère). La tension monte de tous les côtés. On comprend qui sont les vrais parents d’Elia (je ne spoile pas, promis).

Les 200 dernières pages sont à couper le souffle : comment quelques héros (Ahria, Elia, Max et Tim, avec l’aide de Solstan évidemment) vont-ils gérer une mission téméraire, suicidaire même, à savoir infiltrer un grand bal masqué organisé par le Gouvernement au Palatium pour tenter de le renverser ? Il serait vain de décrire ici les rebondissements, les actes insensés, la bravoure des héros. C’est classique, c’est cinématographique. Bref jubilatoire.

 

Au final, en un peu moins de 1200 pages (j’ai oublié moult détails, pourtant fondamentaux, comme cette histoire de prophétie liée aux cheveux roux), Marie Vareille réussit l’exploit de nous faire lire une histoire qui, certes, est clairement dans la veine de Hunger Games ou de Divergente, mais qui a son lot d’originalité. Contrairement aux trois tomes de Hunger Games, qui sont chacun complets, avec une vraie fin à chaque volume, on a plutôt ici une grande histoire en trois parties. Quand on a la chance de les lire à la suite (c’est l’intérêt de les lire en retard), ça donne une puissance fabuleuse à l’ensemble. Bref, lisez Elia. Si des producteurs hollywoodiens achètent les droits, il faudra que le casting soit au rendez-vous pour que le charisme d’Elia soit présent… en plus, Marie Vareille raconte cette anecdote sur la manière dont est née son héroïne rousse (en mars 2019, lors de la sortie du tome 3) :

« Dans mon ordinateur, il y a un dossier “Elia”. Hier soir, nostalgique, je suis allée chercher le tout premier fichier que j’y ai créé. Il date du 17 septembre 2012, il s’appelle “Nouveau livre” (on appréciera le niveau de créativité). J’avais croisé une jeune fille rousse dans les couloirs du RER. Aujourd’hui encore, elle ignore mon existence et moi, ça fait sept ans que je vis avec elle. »

J’adore cette idée. Dernier point : les trois dessins de couverture, réalisés par Alexandre Chaudret, sont pour beaucoup dans l’envie initiale d’acheter les livres. Marie Vareille avoue même que le dessin réalisé pour créer Elia, lors de la sortie du tome 1, lui a donné plus de précisions sur ce qu’elle avait en tête pour son personnage.


Yves Levy
Première parution : 27/5/2025
nooSFere

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