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Salvation
Salvation
 
Peter F. HAMILTON
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   Volumes de la série   
1 /   Les Portes de la délivrance
2 /   Les Chemins de l'exode
3 /   Le Signal des Saints
Critiques

Salvation, le dernier triptyque traduit en français de Peter Hamilton, est un énorme pavé, un space opera d’envergure où le transhumanisme valse avec des milliards d’astres, d’années-lumière et une kyrielle de particules improbables et de physique exotique. Bref, il est dans le ton de ce qui se fait actuellement et c’est ce qui a propulsé Hamilton parmi les maîtres modernes du genre avec ses œuvres précédentes qui furent des réussites (le cycle de « L’aube de la nuit », celui de « L'étoile de Pandore » et du « Commonwealth »).  Ses autres œuvres sont également de bon niveau (La grande route du Nord, Manhattan à l’envers…). J’attendais Salvation avec impatience bien que j’avais constaté une baisse de qualité dans ses derniers textes. Pour ne pas perdre le fil, j’ai attendu de pouvoir lire les trois volumes à suivre, car je connais la complexité de ses univers. L’histoire elle-même est intéressante. Encore une fois, le paradoxe de Fermi  est à la base puisqu’il s’agit d’un premier contact avec des extra-terrestres. Seront-ils bienveillants ou agressifs ? L’humanité est déjà bien implantée sur de nombreuses planètes et habitats spatiaux dans la civilisation spatiale d’un capitalisme triomphant grâce à une technologie de portail (ici par intrication quantique) que l’on trouve à peu près dans tous les space operas modernes. L’humanité se divise en deux civilisations, un peu comme dans L’aube de la nuit. L’une est capitaliste, la plus grande compagnie (qui contrôle les portails) dirige de fait le monde (idée déjà présente dans Mandel et dans L’étoile de Pandore…). D’autre part une société « utopique » différente s’est constituée  un peu comme dans L'aube de la nuit. Peter Hamilton construit des sociétés très crédibles, si on accepte ses postulats scientifiques et technologiques.

Comme d’habitude, il y a une multitude de personnages tous aussi importants les uns que les autres. Ceux-ci sont comme souvent chez Hamilton assez manichéens (par exemple le russe est acro à la vodka), et leur créateur a cédé aux modes du moment (langage vulgaire, genre non binaire, drogues, sexualité débridée…) Cela ne serait pas gênant si c’était distillé avec délicatesse et non répétitif. Les intrigues s’étalent sur des millénaires et l’auteur nous fournit un fil temporel bien utile. Il y a dans  toutes ces intrigues intriquées, beaucoup d’idées et concepts originaux ou inspirés par d’autres auteurs,  ou par lui-même. Par contre, bien des détails décrits pour certaines scènes sont de peu d’intérêt, je me moque de savoir si untel va mettre son pantalon rouge ou le vert pour sortir. Le premier tome est la mise en contexte des intrigues, la présentation des personnages et la mise en place des technologies (la physique quantique de pointe est très présente). Si je m’arrêtais là, je  pourrais dire bravo, mais il y a quelques aspects agaçants. Le premier est que les textes sont particulièrement verbeux, un peu comme Balzac le faisait, lui qui était payé à la ligne et prenait une page pour nous décrire un bouton de porte (ceci dit Balzac est mon auteur classique favori). La différence est que Balzac avait une écriture parfaite. On pourrait couper une bonne partie des descriptions et des redondances sans perdre l’intérêt au contraire. En particulier, les innombrables batailles présentent de nombreuses répétitions.

D’autre part, il y a un nombre de fautes de français totalement inacceptable ; on se demande si le travail d’édition a été fait. Je n’ai pas lu la version originale, mais le traducteur, qui a une longue expérience, est habitué à Peter Hamilton dont il a traduit la plupart des œuvres. Cependant, quelques mots ont été francisés alors qu’un équivalent français existe (Exemples : « adaptive » à la place de « adaptative », ou « célestiel » au à celle de céleste). Quelques mots sont peut-être des inventions de l’auteur (par exemple mentalique), mais sans explications, on comprend difficilement. Un glossaire s’imposerait, qui définirait clairement certains concepts. En conclusion, l’auteur nous démontre une nouvelle fois son incroyable imagination, sa maîtrise des concepts scientifiques et son « sense of wonder », par contre il tombe dans la facilité recyclant de nombreuses idées. Pour l’amateur de space opera qui n’a jamais lu Hamilton, ce sera une œuvre très divertissante. Pour les habitués, c’est moins sûr.


Patrice HILDGEN
Première parution : 18/6/2022
nooSFere

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