Aristide Nyx, le meilleur régulateur de la société Hadès, n’en n’a pas fini avec ses vieux démons. Une fois encore il se remémore les scènes d’humiliation qu’il a subies avec son frère siamois. Cette fois, c’est sa mère, Ophidia, qui l’insulte et le menace de « Vae Soli » s’il accepte l’opération de séparation. Alors qu’un Groupe Noir passe par les égouts pour délivrer Ambrosia, l’informatrice de Nyx, retenue à l’Institut Tartare, Aristide retrouve « un cœur » fourni par Esculape, son mentor. Celui-ci, qui vit une cure de rajeunissement, lui met en mains un marché : la vie d’Ambrosia et de Hestia contre son aide. Il a conçu la Méta-Régulation, organisé le complot pour que demain, après les élections, Hadès devienne le numéro un des réseaux. Le sort de la dictokratie de Biapolis est en jeu. Mais Aristide n’est pas au bout de ses peines. Il a perdu les preuves du complot, il est pieds et poings liés face à Esculape, et sa mère revient, plus belle que jamais, pour…
Dans Le Régulateur, Éric Corbeyran reprend pour sujet ces individus chargés, en toute légalité, d’éliminer les opposants et gêneurs de toutes natures. (Mais où les auteurs vont-ils chercher toutes ces idées ?) Cependant, l’auteur habille ce thème de base avec un complot pour l’appropriation du pouvoir, un héros qui se retrouve la cible de son mentor et qui vit les conséquences d’une lourde hérédité. Il complète son intrigue en introduisant une série de personnages, de groupes aux caractéristiques innovantes et invente un décor tout à fait approprié. En effet, si l’histoire est fort bien construite, dynamique, elle resterait cependant assez classique sans les décors qui servent le scénario et le traitement graphique qui en est fait. Cette vue futuriste d’une société, qui a les caractéristiques de celle du 19è siècle dans les pays industrialisés, est superbe.
Pour le dessin et les couleurs, il faut saluer l’énorme travail et la grande classe des Moreno, Éric et Marc, sur cette série qu’ils transcendent, pour en faire une œuvre atypique. Ils font partie d’un groupe restreint de dessinateurs coloristes qui rénovent le genre, prenant, dans les grands courants, (Ligne claire, Comics, Mangas…) ce qu’il y a de mieux pour un résultat novateur.
Il faut signaler également le flair d’Éric Corbeyran pour « dénicher » des auteurs qui savent remarquablement illustrer ses histoires, comme Grun, (La Conjuration d’Opale) Marcel Paul (le Malvoulant)… On trouve d’ailleurs la couverture du tome un de cette série sous forme d’un tableau décorant le salon d’Esculape. (Auto promotion ?)
Le Régulateur est une remarquable série qu’il ne faut absolument pas manquer !
Serge Perraud nooSFere 27/08/2006
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