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Une désolation nommée paix

Arkady MARTINE

Titre original : A Desolation Called Peace, 2021
Première parution : New-York, USA : Tor Books, mars 2021   ISFDB
Cycle : Teixcalaan  vol. 2

Traduction de Gilles GOULLET
Illustration de Jaime JONES

J'AI LU (Paris, France), coll. Science-Fiction (2007 - ) précédent dans la collection n° 13651 suivant dans la collection
Date de parution : 9 novembre 2022
Dépôt légal : novembre 2022, Achevé d'imprimer : 9 octobre 2022
Réédition
Roman, 608 pages, catégorie / prix : 9,90 €
ISBN : 978-2-290-37367-5
Format : 11,0 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

Une force d'invasion alien se masse aux portes de l'espace teixcalaanli, muette et menaçante. La commandante Neuf Hibiscus n'a d'autre recours que l'option diplomatique, et c'est ainsi que Mahit Dzmare, l'ambassadrice de la station Lsel, et Trois Posidonie, son ex-chargée de liaison - encore sous le choc du récent soulèvement de l'Empire - se retrouvent en première ligne, investies de la tâche impossible de communiquer avec cette entité hostile. Leur échec se traduirait par des millions de morts, leur succès garantirait la survie de l'Empire. À moins qu'il n'existe une troisième voie...

PRIX HUGO ET LOCUS 2022

Née en 1985, Arkady Martine est chercheuse et docteure en histoire arménienne et byzantine. Une désolation nommée paix clôt le dyptique initié par Un souvenir nommé empire.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Nouveaux Millénaires (2021)

Une désolation nommée Paix, Teixcalaan-2 d’Arkady Martine succède au premier tome paru début 2021. À la suite de la lutte pour la succession, la guerre contre les aliens a été déclarée aux frontières de l’empire, à un saut de puce de la station Lsel. Or cette guerre débute mal, l’ennemi est invisible et il décime, escarmouche après escarmouche, les vaisseaux légers, les « Échardes », de l’armée Teixcalaanlitzim. Une nouvelle impératrice, Dix-neuf Herminette, occupe le trône. Elle a aussi pris sous son aile le rejeton de l’ancien empereur, son « clone à 90 % », Huit Antidote, qui se révèle un garçon fragile et curieux qui arpente les couloirs des ministères et des souterrains du palais en guise de terrain de jeu. Non loin de la zone de conflit, Mahit Dzmare, l’ambassadrice auprès de Teixcalaan, a rejoint Lsel – sa station natale – où elle subit les foudres des factions politiques rivales. Amnardbat, la responsable qui avait endommagé son imago – la copie du cerveau de l’ancien ambassadeur – ignore que Mahit a récupéré à Teixcalaan la copie non détériorée et mise à jour, sur le cadavre de l’ambassadeur. Consciente que l’initiative politique lui a échappé, Amnardbat exige que Mahit se soumette à un contrôle et qu’elle s’étende sur une table d’opération, afin de récupérer l’imago soupçonnée, au risque qu’un « accident » ait raison de cette envoyée trop admirative de Teixcalaan.

L’idée féconde du récit vient de Neuf Hibiscus, la commandante des légions. Alors que le conflit fait rage et que les aliens prennent l’avantage, elle court-circuite le ministère de la guerre pour faire appel à celui de l’information, plus proche de l’impératrice, où officie Trois Posidonie, l’amie de Mahit Dzmare. Talleyrand disait : « Méfiez-vous du premier geste, c’est le bon. » La première décision de Trois Posidonie consiste à s’autodésigner émissaire impériale et à se rendre en personne dans la flotte Teixcalaanlitzim. Passant par la station Lsel, elle réclame l’assistance de l’ambassadrice dont le talent pour les langues étrangères est reconnu et l’extirpe des griffes de ceux qui voulaient la charcuter. Le motif officiel : à elles deux, elles tenteront une médiation avant que le conflit ne dégénère. Le motif officieux, inavouable, est l’histoire d’amour que les deux jeunes femmes ont nouée…

Au niveau du sens règne cette belle idée que l’émotion/l’instinct/l’intuition – choisissez le concept qui vous convient –, le sentiment de l’immédiat est un guide plus sûr et moins menteur que la raison que politiques et officiers brandissent avec force cris et insultes pour réduire au silence cette étrangère et cette émissaire, une espionne « qui ne connaît rien à la guerre » (« La barbouze et son toutou »). En toute logique, les officiers développent des démonstrations pleines d’une logique implacable, mais faussées par des argumentaires « byzantins », pour ne pas dire entachés d’une vision politique étroite, sectaire visant juste à assouvir leur idéologie. Cette thématique plonge Une désolation nommée paix au cœur de notre actualité, où des personnages arc-boutés sur leur idéologie pervertissent la raison, multiplient les boucs émissaires et clivent les êtres, plutôt que de se vouer à ce qui rassemble, à cette paix qui, pour advenir, se doit de considérer l’autre comme un égal respectable.

À l’inverse, les sentiments, pour suspects qu’ils soient, car ils sont du domaine de l’irréflexion, vont se révéler un ciment solide : ce qui réunit les êtres est aussi ce qui permet à une communauté de s’unir et de commencer à réfléchir. Trois Posidonie, l’émissaire impériale et Mahit, la Barbare, perturbent l’ordre figé des militaires et des factions. Leur intelligence commune se révèle inventive et elle ouvre les bases d’une rencontre avec les aliens, alors que le conflit dégénère au détriment de Teixcalaan dont les Échardes sont dissoutes par une matière qui semble dévorer les vaisseaux…

J’ai pris un plaisir renouvelé avec ce second opus de Teixcalaan. Si la trame de découverte de l’empire est moins riche, l’approche de ces aliens nous amène à appréhender ce concept curieux : l’étrangeté. Cette curiosité du monde, et le développement senti-mental sont des guides pleins de verve, d’humour et aussi un fac-teur de réflexion sur la différence, le gâchis du repli sur soi et l’art de voir — ou de dialoguer – avec l’autre, qu’il soit un alien, ou un dirigeant hanté par le désir de tout réduire en poussière à l’aide d’une bombe…

Bernard HENNINGER (site web)
Première parution : 28/10/2021
dans nooSFere


Edition J'AI LU, Nouveaux Millénaires (2022)

    Situé trois mois après le dénouement de Un souvenir nommé empire, premier volet de ce diptyque (cf. la critique mitigée de Bruno Para dans le Bifrost n°102), l’intrigue de ce nouveau roman démarre par un intriguant prologue, suivi de l’introduction d’un nouveau personnage teixcalaanli et de ses prérogatives. On découvre tout d’abord la yaotlek Neuf Hibiscus (Malva, pour les intimes) à bord de son vaisseau, voguant aux confins de l’Empire Teixcalaan, allant au-devant du danger alien prophétisé par Mahit Dzmare. Cette dernière est de retour sur la station Lsel avec son double imago Yskander, ce qui lui vaut quelques problèmes politiques et potentiellement létaux. Au sein de l’Empire, trois autres protagonistes du précédent tome prendront plus d’espace : l’impériale Dix-Neuf Herminette, le clone et futur em­pereur Huit Antidote, et bien sûr l’ancienne chargée de liaison Trois Posidonie.

    C’est avec plaisir que l’on replongera dans les intrigues, archives et subtilités du monde créé par Arkady Martine, qui cette fois s’agré­­mente – en plus de différentes complexités politiques – de la gestion d’un premier contact alien. Comme on peut l’imaginer, Trois Posidonie et Mahit seront confrontées à cet épineux problème, contraintes de composer avec leur relation tissée de colère, d’incompréhension et de passion, et le terrain miné d’urgences où elles mettront en œuvre leurs compétences tout à la fois linguistiques et diplomatiques.

    Arkady Martine joue avec ses classiques : l’agent double, le premier contact extraterrestre et les éléments de son dénouement, les enjeux des pourparlers, la confrontation d’idées, la passion amoureuse non sans heurts et la place que chaque personnage devra trouver, entre loyauté et éthique personnelle. Une désolation nommée paix dé­taille sa réflexion sur l’identité des lignées imago autant que des stratégies de l’Empire Teixcalaan, sur les technologies en usage et la place que chaque personnage peut prendre ou changer dans un Empire qui les étouffe. L’ensemble constitue un roman d’aventure plus que divertissant, peuplé de protagonistes forts, qui s’autorise parfois un peu de légèreté. Notons un dénouement qui, même s’il paraît expéditif, permet de conclure ces différents arcs de façon satisfaisante, donnant tout son sens au titre et renforçant la résonance entre prologue et épilogue… et même sa dédicace. Un bon roman, en somme, qui prolonge le plaisir pris à la lecture de l’opus initial et qui intrigue quant aux prochains récits de son au­trice : une novella est annoncée pour 2022.

Eva SINANIAN
Première parution : 1/1/2022
Bifrost 105
Mise en ligne le : 4/2/2025

Prix obtenus
Hugo, Roman, 2022
Locus, Roman de Science-Fiction, 2022


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