L'idée que la science pourrait, un jour, conduire l'humanité à sa perte a été souvent exploitée en SF. Dans « Les êtres de feu » (Fleuve Noir), Jimmy Guieu la reprend vue sous un angle différent. Depuis quelque temps, des savants disparaissent un peu partout dans le monde, ce mystère s'accompagnant d'autres phénomènes scientifiquement, donc logiquement inexplicables. Le tandem de reporters Ted Erickson et Laura Wendell, héros des « Monstres du néant » du même auteur, établissent que ces disparitions coïncident généralement avec des expériences atomiques. De là à conclure que celles-ci ne sont pas du goût de tout le monde, il n'y a qu'un pas, que les deux jeunes gens franchissent allègrement. Mais leur article provoque une levée de boucliers dans les milieux de la Défense nationale. Le F.B.I. s'en mêle, les autorités tentent de museler la presse et la radio. Peine perdue car, cette fois, le mystérieux ennemi s'attaque aux agents secrets. Finalement Ted et Laura établissent, en compagnie de quelques amis, que le sous-sol de notre planète est occupé par des « êtres de feu », descendants des anciens Lémuriens, qui se sont adaptés au cours de milliers de siècles à leur actuelle existence, malheureusement menacée par les expériences nucléaires.
Le ton général du roman, sa fin en particulier, sont résolument optimistes et constructifs, ce qui ne peut qu'emporter mon adhésion totale. Sur le plan purement littéraire, l'ouvrage n'est pas exempt de quelques petites longueurs, l'action devenant par moments statique. Mais je ne pense pas que ce léger défaut, perceptible surtout pour le critique, puisse en quoi que ce soit diminuer le plaisir de l'aficionado, tellement celui-ci se sentira emporté par l'histoire. Le style, comme toujours chez Guieu, est d'une concision et d'une netteté exemplaires.
Igor B. MASLOWSKI
Première parution : 1/1/1957 dans Fiction 38
Mise en ligne le : 12/9/2025