Souvenez-vous : je pronostiquais, il y a quelques semaines, un grand buzz autour de ce titre ; bien m'en a pris, puisqu'en l'espace d'un mois le manga était épuisé, obligeant Asuka à le rééditer. Vous avez sûrement eu la chance de le lire, il est donc inutile de revenir sur son intrigue. Sinon, reportez-vous à ma précédente critique.
Le second tome d' Ikigami nous relate deux nouvelles histoires liées aux victimes de la capsule mortelle. Pour commencer, nous suivons le parcours d'un jeune caméraman entièrement dévoué à son travail, au point de recourir à des substances stimulantes dangereuses, au détriment des relations entretenues avec sa petite amie. Mais lorsque l'un d'eux va apprendre qu'il est porteur de l'Ikigami, le couple va se retrouver confronté à un dilemme... L'histoire suivante, particulièrement touchante, s'intéresse à un jeune homme assez maladroit employé dans une maison de retraite. En apprenant qu'il est porteur de l'Ikigami, ses meilleurs sentiments vont dominer son manque de confiance pour lui permettre de consacrer ses dernières heures à une dame âgée, incapable de marcher en raison d'un blocage psychologique. Cette intrigue est également l'occasion pour l'auteur d'établir un parallèle ironique entre la mobilisation de jeunes hommes autrefois envoyés à la guerre pour le bien de la nation et la raison d'être de l'Ikigami destiné, en cette période de paix, à rappeler la valeur de la vie aux jeunes citoyens, tout en les contraignant à se sacrifier pour une cause nationale.
Comme nous pouvions l'imaginer, Ikigami continue à se concentrer sur les dernières heures des condamnés désignés, tout en suivant les conséquences sur la vie privée du jeune fonctionnaire chargé d'annoncer la nouvelle, tiraillé entre son humanisme et la déshumanisation impliquée par sa tâche. Pour ne rien vous cacher, aucune de ces histoires n'a provoqué chez moi le même choc que la première, parfaite entrée en matière pour un tel sujet. Cependant, le dénouement des intrigues reste toujours aussi imprévisible, parfois héroïque, parfois immoral, mais toujours mélancolique puisqu'il n'y a jamais de « miracle », les personnages centraux finissant irrémédiablement par mourir.
Ikigami confirme donc son statut de manga intelligent, subtil, et propice à une remise en question permanente du lecteur (que ferions-nous dans une telle situation ?). Une oeuvre décidément incontournable.
Florent M. 05/04/2009
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