La réédition de Hokuto No Ken par Asuka atteindra d'ici une douzaine de jours (le 28 mai) son huitième tome, à raison d'un volume publié tous les deux mois. Et oui, déjà. Nous sommes loin d'être arrivés à la conclusion de la série, mais le moment est peut-être venu d'établir un petit récapitulatif, avant de vous perdre en route.
Le Hokuto Shinken est une école de kung-fu vieille de deux millénaires. Elle peut être enseignée à plusieurs disciples, mais un seul héritier (choisi par son maître) est autorisé à l'utiliser. Dans Hokuto No Ken, le Hokuto compte quatre élèves, considérés comme des frères. Le plus jeune, Kenshirô, a été choisi comme héritier, avant qu'une guerre nucléaire ne vienne chambouler son destin. Ses trois « frères » se nomment Jagi, Raoh et Toki. Jagi, après avoir usurpé l'identité de l'héritier, Kenshirô, s'est fait tuer par ce dernier. Raoh s'est donné pour but de conquérir le monde pour y ramener l'ordre. Toki, après avoir été irradié par la guerre, exerce une activité de médecin dans un village, avant d'être capturé par Raoh qui le fera enfermer dans une tour où sont retenus prisonniers tous les maîtres d'arts martiaux qui pourraient entraver ses rêves de conquête. Après avoir appris qu'il était en vie, Kenshirô est parvenu à libérer Toki. Les deux hommes se dressent maintenant contre Raoh. Il existe également une autre école, le Nanto, forte de cent huit disciples, dont six maîtres : Shin, ami d'enfance de Kenshirô, qui enlèvera sa fiancée Julia et le laissera pour mort sur les conseils du perfide Yagi (frère de Kenshirô et adepte du Hokuto) ; Rei, qui deviendra l'ami de Kenshirô et l'aidera dans sa quête, Yuda, Shuh et Souther, leur chef (à ce stade, ces deux derniers ne sont pas encore apparus dans la série).
Dans ce huitième tome, après avoir terrassé sans difficulté Rei, maître de l'école du Nanto et Kenshirô, héritier du Hokuto Shinken, Raoh trouve du fil à retordre avec l'arrivée inopinée de Toki, récemment libéré des geôles de Raoh par Kenshirô. Toki, la force tranquille dont l'art consiste à dévier la force de l'adversaire pour la retourner contre lui, s'avère en effet le seul combattant capable de s'opposer au tout-puissant Raoh. Malheureusement, sa maladie due aux radiations de la guerre atomique l'amoindrissent ; pourtant, dans un pur esprit de sacrifice coutumier du personnage, Toki décide d'affronter Raoh.
En voyant les pièces du puzzle se mettre en place, nous comprenons alors l'intention de l'auteur : permettre à Toki d'enseigner sa technique à son frère Kenshirô avant de mourir, pour lui donner une chance de défaire Raoh dans sa quête démentielle de puissance. Dès lors, le combat opposant Toki et Raoh apparaît comme l'un des plus impressionnants de la saga, et nous donne l'occasion d'admirer la technique parfaite de l'homme qui aurait dû être l'héritier de la Grande Ourse à la place de Kenshirô. En outre, ce duel est également l'occasion de constater la puissance sans bornes de Raoh, capable d'affronter coup sur coup trois combattants de génie. On notera aussi les progrès impressionnants de Kenshirô, fort de l'expérience acquise dans les tomes précédents.
Mais cet épisode ne se limite pas à une accumulation de combats. La lente agonie de Rei, provoquée par un coup fatal porté par Raoh, nous est relatée avec tout ce qu'il faut de fatalité et de mélancolie, sans pour autant tomber dans le pathos. Cet événement particulièrement touchant sera une nouvelle fois l'occasion d'illustrer les thèmes du destin inéluctable et du sacrifice omniprésents dans Hokuto No Ken. Rei va ainsi utiliser ses dernières heures pour livrer un ultime combat contre Yuda, maître du Nanto au physique androgyne et à la personnalité cruelle, afin de laver l'honneur de Mamyia, une jeune femme qui aura su trouver son cœur malgré l'endurcissement du combattant marqué par les drames de sa vie. Cette abnégation ne fera que renforcer l'amitié entretenue avec Kenshirô, qui ne cesse de gagner en puissance au contact d'êtres exceptionnels tels que Rei, et dont l'art martial se nourrit des sentiments les plus nobles.
Florent M. 16/05/2009
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