Il y a quelques minutes, Jacob Kandahar était encore à Versailles (Voir Les Lois du Hasard - même éditeur). Il est en plein désert, errant dans une chaleur infernale. Epuisé, il roule au pied d'une dune. La nuit s'installe et Kandahar entre aperçoit, en flou, un visage qui prononce des mots inconnus. Il se réveille dans une tente de nomade où une jeune femme lui prépare de quoi le nourrir. Puis, elle l'emmène à la rencontre de la population d'un village de nature africaine. Les gens dansent et font venir une pluie qui, comme une entité, communique avec Jacob. Hannah Osternik et Ardell Clayton se réveillent dans leur chambre, comme si rien ne s'était passé. Ils passent dans la salle de bain et, pendant qu'il est sous la douche, alors qu'elle regardait par la fenêtre, elle disparaît brutalement. À l'ONU, où les enregistrements de la scène ont été envoyés, personne n'explique ces apparitions et disparitions soudaines. Kandahar comprend la langue et retrouve celui qu'il a entre aperçu et qui fait office de chef de village. Ce dernier lui révèle que, pour eux, il est Manik et qu'il est ici pour passer les deux dernières épreuves que lui a réservées Le Lac...
Laurent-Frédéric Bollée, dans cette série, déploie une suite d'interrogations à l'échelle de la planète et qui déborde sur le cosmos. Autour d'un être surdoué, il a imaginé une succession d'énigmes, progressant, à chaque fois, un peu plus dans le mystère. Les coupures entre le premier et le second cycle, puis avec le présent album n'ont pas émoussé cette envie. Dans le tome précédent, il en avait « remis une couche » en projetant son héros dans un Siècle des Lumières qui semblait bien réel. La fin du cycle (Et de la série ?) étant programmée pour le prochain opus, le scénariste commence à apporter des réponses aux nombreuses questions que les lecteurs se posent depuis 2001, depuis l'apparition de ces quatre mystérieux rayons. Et même si celles-ci semblent étonnantes, elles sont pourtant dans la logique de l'histoire et en cohérence avec les sujets exposés dans les premières planches. Mêlant étroitement fantastique et mythologie, Laurent-Frédéric Bollée écrit une histoire attrayante par la diversité et l'abondance de ses rebondissements. Et plus la fin est proche, plus la faim de savoir nous tenaille.
Philippe Aymond assure toujours la partie graphique avec les mêmes qualité, réalisme et talent. Il travaille la mise en page et la mise en scène avec le souci de leurs donner une vision cinématographique. Il faut noter que trois invités (des « pointures » en matière de BD) : Leo, Juanjo Guarnido et Mattieu Bonhomme, participent à l'album pour faire œuvre commune sur une page. Leurs styles, bien différents offrent un éclairage d'une belle nouveauté.
Manik Shamanik apporte une pierre d'importance à la construction d'Apocalypse Mania, une série au ton novateur, sur un sujet peu exploité, avec un héros qui, bien que doté de capacités exceptionnelles, reste si proche de l'humain.
Serge Perraud nooSFere 07/06/2009
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