Après un sympathique début, le premier cycle de ApocalypseMania s'était égaré dans des scènes grandiloquentes et un mysticisme fumeux. Les auteurs donnent un ton tout à fait différent à ce deuxième cycle, qui devrait comporter trois albums.
Dans ce cycle dit « des épreuves » Jacob Kandahar a été projeté dans le passé — ou dans ce qui semble être notre passé. En 1741, il est enfermé non loin de Versailles, dans un asile d'aliénés, prétendant être arrivé depuis plus de cinquante ans, sans avoir pris entre temps une seule ride. Il y fait la connaissance d'un mathématicien de Königsberg nommé Leonhard Euler, lui-même enfermé pour un meurtre à visée révolutionnaire. Ensemble, ils résoudront l'énigme qui se pose à Jacob, afin que celui-ci franchisse une nouvelle étape de son étonnant parcours...
Le portrait d'Euler, avec ses recherches mathématiques, son désir de liberté et sa haine des monarchies, forme une reconstitution historique tout à fait intéressante, occupant une bonne partie de l'album puisque Jacob n'apparaît qu'à la page 34. On pourrait même regretter que Bollée ait jugé utile de rattacher ce récit au cycle d'ApocalypseMania, tant les deux histoires ont peu en commun. Jacob revient pourtant, pour accomplir sa fameuse épreuve dont le côté spectaculaire ne suffit pas à masquer la profonde improbabilité. Dans quel but des entités imagineraient-elles une mise en scène aussi tortueuse et inutilement complexe ? Bollée donnera-t-il une réponse satisfaisante à cette question ? Au vu du premier cycle, il est permis d'en douter. Néanmoins, voilà un album plutôt plaisant à lire, qui tendrait à nous réconcilier avec la série.
Pascal Patoz nooSFere 05/04/2006
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