À six ans Sarah a subi les sévices d'un pédophile. Marquée à vie, elle est angoissée, sujette aux phobies et converse régulièrement avec Kelly, une amie imaginaire. Elle quitte son métier d'avocate pour suivre son mari, qui a trouvé un emploi de garde forestier, dans une bourgade perdue de Pennsylvanie. Elle espère trouver un meilleur équilibre. Dès son arrivée, l'atmosphère de la ville lui paraît étrange, comme l'attitude de ses plus proches voisins, les Westmore. Par hasard, elle découvre qu'un tunnel relie la cave de sa maison à celle de ses voisins. Alors qu'il n'y a ni enfants, ni adolescents dans la ville, elle trouve une photo de ses voisins avec leur fils.
 

     Le second tome s'ouvre, dix-sept ans plus tôt, au cimetière de Salamanca. Sous la houlette du shérif, les habitants enterrent de très jeunes enfants en jurant le secret sur les événements de la nuit.

     Pendant que Sarah revit des instants difficiles avec la « disparition » de Kelly, deux jeunes randonneuses arrivent à Little Valley en fin d'après midi pour faire étape. La nuit leur sera fatale. Le lendemain, Sarah, sous la couverture de journaliste, recherche des témoins ayant travaillé à l'hôpital St-Julian. Elle retrouve, ainsi, un médecin qui accepte de lui parler du cas de Joey Westmore. Entre-temps, David est rentré du travail. Ne trouvant pas Sarah à la maison, il s'inquiète et fonce chez le shérif. Sur la route, il perd le contrôle de son véhicule, tombe dans un ravin. La voiture reste sur un dévers de la falaise. Pendant que Sarah fouille un passé dangereux, David est enlevé par des therias, des êtres hybrides qui peuplent Little Valley...
 

     Christophe Bec plante dans un décor sauvage, une histoire dont les fondements semblent trouver leurs sources dans une malédiction. Il en résulte un récit d'épouvante dans la meilleure veine du genre. L'auteur n'économise pas sa muse. Il multiplie les mystères terrifiants et génère un suspense intense. C'est cinq thèmes différents qui se croisent et s'interpénètrent pour constituer un récit dense. Jugez du peu ! Une ville sans enfants, des tunnels qui relient des maisons, des voisins au comportements insolite voire angoissant, des créatures fantastiques qui rodent et un médecin qui dévoile des tendances anthropophagiques dans la population. Avec de tels matériaux, certains scénaristes feraient quatre ou cinq séries !

     Pour animer son intrigue, Christophe Bec élabore une galerie de personnages dont les comportements se rapprochent de conduites pathologiques. Mais toutes ces énigmes devraient trouver leur solution dans le prochain et dernier album. À moins, qu'entre-temps, l'auteur décide de nouveaux développements ou ajoute quelques sujets supplémentaires.
 

     Une telle histoire, et son traitement, mériteraient cependant un graphisme différent de ce dessin inégal d'une planche à l'autre. On passe d'une page au graphisme réaliste à des vignettes à l'image simpliste, sommaire qui gâche le plaisir de la lecture.
 

     La seconde partie des Enfants de Salamanca confirme tout l'intérêt du premier tome pour le récit et l'intrigue et installe une série passionnante.