Deux hommes progressent vers la mine d’or qu’ils ont achetée. Si Matthew rêve de fortune facile, Bud, qui a financé l’achat, râle devant la vétusté du site. Ils pénètrent dans leur mine pour en évaluer l’état quand Matthew, qui avance en tête, est attaqué par un monstre dont on ne voit que la silhouette, les yeux rouges et les canines ensanglantées. Bud s’enfuit… Un couple voyage en voiture, la nuit, au cœur d’une forêt. La conversation entre David, Sarah, …et Kelly, tourne à l’aigre. L’un parle des démons, l’autre d’abandon, de sacrifices. Ils arrivent vers une maison, qu’ils ont louée. Alors que l’extérieur n’est pas engageant, l’intérieur est fort bien aménagé. Le lendemain, alors que David fend du bois, Sarah se lève… Un hurlement et David fonce à l’intérieur, sa hache à la main. La cuisine est saccagée. Ils n’ont rien entendu, aucune porte, ni fenêtre, n’est brisée ni fracturée. Dans la journée, Sarah se rend à Salamanca. L’accueil des quelques habitants qu’elle croise est glacial : un vieil homme crache sur son passage et la pharmacienne lui refuse un test de grossesse. Elle remarque que les panneaux indiquant la direction de l’école sont rayés. Le bâtiment est à l’abandon. Une vieille dame lui indique que l’école est fermée depuis vingt ans, mais ne répond rien quand Sarah lui demande où sont les enfants. La maison voisine de la leur est occupée par un couple étrange, lui élève des ragondins et elle, obèse, ne cesse de regarder la télévision. Sarah a le sentiment d’être constamment épiée. Cette ambiance fait remonter le souvenir des moments atroces qu’elle a vécus dans son enfance : elle a été séquestrée et violéee par un pédophile à l’âge de six ans et suit depuis une analyse… Et puis elle découvre…
Autour du personnage de Sarah, qui porte en elle de si grandes souffrances, Christophe Bec instille les éléments d’une atmosphère lourde où tout semble avoir un double, voire un triple sens, recéler un danger, une menace. La localisation de l’habitation, avec des voisins aux comportements étranges, renforce ce sentiment de peur. De plus, des petits événements comme la peur soudaine du réparateur de chaudière qui, avant de descendre vers la machine, semblait avoir tout son temps, l’avertissement du shérif, prennent une signification inquiétante. Les souffrances endurées ne prédisposent-elles pas l’héroïne à une affabulation, à donner aux faits un autre sens…. Le scénario s’appuie sur une ambiance similaire à celle d’Aliens, avec une tension entretenue par l’attente de la rencontre entre le monstre, que l’on connaît car l’auteur nous le dévoile dès la seconde page, et l’héroïne : quand et comment ? On retrouve dans Les enfants de Salamanca des constantes de l’œuvre de Christophe Bec, avec, en particulier, la démesure. Celle-ci est parfaitement mise en avant par l’illustration de la couverture qui montre un être écrasé par la puissance de la nature, une puissance qui le dépasse.
Le dessin réaliste de Raffaele sert superbement le récit avec une mise en scène sobre, sans les grosses ficelles utilisées « a giorno » par le cinéma.
Un premier album riche en péripéties et frissons, qui annonce une série de qualité.
Serge Perraud nooSFere 19/05/2008
|