Dans les albums précédents, la jolie Mika se lançait dans l'espace à la recherche de son père — devenu droïde pour échapper à une condamnation à mort. Elle apprenait également que l'humanité mène une guerre secrète contre les Müdes, de terrifiants extraterrestres (voir critiques des deux premiers volumes).
Schwarz s'ouvre sur la planète-fantôme Alicanto, autrefois colonisée par des droïdes déserteurs et où le père de Mika a découvert les Eucladiens, une race autochone. Rudy, grièvement blessé par un Müde, a été lui-même transformé en droïde. Mika apprend alors que son père pourrait être esclave sur une planète minière appelée Schwartz (avec un T : seul le titre de l'album n'en comporte pas).
Sorte de Star wars mâtiné de Starship troopers, la série Eclipse évoque les bonnes « séries B » de chez Delcourt. Dans le genre space opera – conçu ici comme un récit d'aventures maritimes transposé dans l'espace — , cette série n'appelle que des compliments. Le scénario est dense, dopé par une narration dynamique qui alterne des scènes d'action trépidantes, quelques pauses psychologiques, de spectaculaires combats et des retours en arrière destinés à approfondir l'univers mis en place. Attachants et hauts en couleur, les personnages forment une sympathique galerie de gentils et de méchants, ainsi qu'un patchwork de diverses races plaisantes à l'oeil. Les références surtout cinéphiliques sont nombreuses – avec en particulier dans cet album un hommage appuyé à Terminator. Le cliffhanger final se montre toujours très efficace pour faire attendre la suite avec une impatience certaine. Enfin, le graphisme de Vastra dégage une belle vitalité, avec un bon équilibre entre son sens du détail et son énergie, tandis que les couleurs s'avèrent impeccables.
Bref, tant du point de vue scénario que graphisme, voilà du travail très professionnel. Presque trop. Car son principal défaut réside dans son caractère un peu « formaté », sans réelle surprise. Les auteurs appliquent, non sans talent, des recettes parfaitement éprouvées et le résultat ne peut que se montrer attrayant et distrayant. Reste qu'une fois le décor planté, l'histoire se limite à un enchaînement de péripéties assez convenues. On apprécierait que l'intrigue ne se limite pas à l'utilisation de la quincaillerie SF mais que s'y ajoute une réflexion thématique plus personnelle et qu'on y bouscule un peu plus les codes du genre.
Mais même si la série peut ainsi laisser sur leur faim les lecteurs d'une SF moins ludique, plus réfléchie, plus innovante, Eclipse séduira sans peine les amateurs de grands space operas colorés, de ceux qui privilégient avant tout l'action, l'aventure, l'évasion, le voyage...
Pascal Patoz nooSFere 30/11/2009
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