Akira Toriyama est surtout connu pour être l'auteur de Dragon Ball et sa suite Dragon Ball Z, dont l'adaptation animée entraîna dans les années quatre-vingt dix un déchaînement de passions pour la pop culture japonaise. Cet engouement pour la japanimation, qui devait entraîner l'essor des mangas, se révéla bien plus impressionnant que celui initié par Goldorak à la fin des années soixante-dix, à tel point que son « effet de souffle » ne s'est toujours pas dissipé aujourd'hui (bien que le marché ait atteint l'âge de la maturité avec une production mieux choisie et publiée dans de meilleures conditions : cf. les rééditions de Hokuto No Ken, City Hunter ou I''s).
Tout cela pour dire qu'avant Dragon Ball, il y eut Dr Slump. Cette œuvre absurde, dont la série animée fut un temps diffusée par le Club Dorothée, se déroule dans le même univers et à la même époque que Dragon Ball (un épisode présente d'ailleurs la rencontre entre le Dr Slump et Songoku). Le professeur Sembei Norimaki, miné par la solitude, met au point un androïde doté de l'apparence et de la personnalité d'une fillette de treize ans, Aralé. Son existence va donner lieu à toutes sortes de gags et quiproquos. Dès lors, nous navigons dans l'absurde le plus total, où personne n'est surpris de croiser un cochon en queue-de-pie dans la rue et où les personnages sont conscients d'être les acteurs d'une BD. Pour vous donner une idée, nous ne sommes pas loin de l'humour surréaliste d'un Fujihoko Hosono ou, pour rester dans l'hexagone, d'un Gotlieb. Par ailleurs, l'humour potache du manga a tendance à se focaliser en dessous de la ceinture, ce qui pourra surprendre le lectorat occidental peu habitué de l'humour nippon dans la mesure où il met en scène une fillette (même s'il s'agit d'un androïde). Ainsi, l'auteur se lâche sans retenue dans une suite de sketches où la logique n'a pas cours, tout en parvenant à rendre ses personnages immédiatement attachants : le Dr Slump, savant génial légèrement frustré, secrètement amoureux d'une enseignante ; Aralé, androïde naïf inconscient de sa force, etc.
Cette édition, dite « ultimate », fait suite à la première édition parue en 1995, en plein cœur de la vague manga. Toujours assurée par Glénat, la nouvelle version est présentée dans un format plus grand, avec un papier de meilleure qualité. Une jaquette en plastique protège l'ouvrage et certaines pages sont en couleurs, à l'image de l'édition perfect de Dragon Ball. Mais surtout, le plus important : Dr Slump bénéficie d'une nouvelle traduction, détail capital étant donné les jeux de mots employés par l'auteur. Pour résumer, le manga profite d'un énorme capital sympathie, à l'image du dessin animé diffusé jadis sur TF1 (relativement édulcoré). Cette édition, pour en revenir à la maturité du marché, traduit une réelle volonté d'accorder le respect qu'elles méritent à des œuvres autrefois publiées à la va-vite pour profiter de ce qui pouvait ressembler, à l'époque, à un effet de mode. L'avenir nous a prouvé le contraire.
Florent M. 12/12/2009
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