Une jolie rousse dans une ville futuriste où des voitures volantes se croisent en tout sens, voici qui évoque Le cinquième élément ; des immortels qui se battent à l'épée, là on pense à Highlander ; la jeune héroïne se retrouve héritière d'un vaste empire commercial, on imagine Largo Winch en 2082... Oui, nous sommes dans une BD à grand spectacle avec l'héroïne sexy qui s'impose, de l'action menée à 100 à l'heure, d'improbables coups de théâtre... et la lutte éternelle entre le bien et le mal à travers les âges !
Car Arleston a choisi de mettre en scène un thème science-fictif classique, celui de la guerre temporelle. Le futur n'est qu'un faisceau de probabilités, que l'on peut modifier pour rendre une évolution plus probable qu'une autre. Ici, deux futurs coexistent depuis toujours (pourquoi seulement deux ?) et chacune des factions cherche à rendre SON futur plus probable que l'autre. Ainsi s'affrontent à travers le temps les Anges et les Dragons, qui n'ont jamais réussi à obtenir un avantage décisif. Autant qu'on puisse en juger dans ce premier album, la situation apparaît magnifiquement manichéenne : les méchants Anges, dont le futur est laid et brutal — au point qu'on se demande pourquoi ils s'y accrochent — combattent les gentils Dragons...
Certains feront sans doute la fine bouche devant ce cocktail explosif qui manie davantage la référence que l'originalité, mais on doit reconnaître que l'album fonctionne impeccablement, grâce au savant dosage d'action et d'humour dans lequel Arleston est passé maître. L'intrigue est enlevée et vivante, pleine de gros flingues et de jolies cascades, et dotée d'un bon suspense.
Ajoutons à cela le dessin nerveux et dynamique de Labrosse, et nous obtenons un album musclé, très plaisant à lire même si nous sommes en terrain connu... peut-être même justement « parce que » nous sommes en terrain connu, et que les auteurs font preuve d'une vitalité convaincante pour donner du tonus à cette histoire un peu facile.
Moréa a donc tous les ingrédients pour remporter le succès. Souhaitons-lui bonne chance, et souhaitons-nous qu'Arleston parvienne à nous surprendre avec les évolutions futures de cette série.
Pascal Patoz nooSFere
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