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« - Hmmm… Petit Vampire, peux-tu veiller à ce que le maître de kung-fu remette son haut de pyjama tout de suite ?
- Oui, capitaine. » | |
Quand Michel explique à son grand-père qu'il veut tuer Geoffroy, un de ses petits camarades, le pépé répond évidemment : « Il ne faut pas penser ce genre de choses. » Facile à dire, mais Geoffroy est vraiment méchant et beaucoup plus costaud que Michel. Alors ce serait quand même bien de pouvoir le tuer...
Les démons nocturnes qui rejoignent Michel dès que la lumière s'éteint sont d'ailleurs du même avis… A tel point que, pour rendre service, ils ont vite fait de découper et de manger Geoffroy… Mince ! Il faut vite s'arranger pour recoller les morceaux et leur réinsuffler un peu de vie avant que le soleil se lève !
Les parents sensibles qui se font des illusions sur l'innocence de l'enfance seront sans doute effrayés par cette débauche de monstres abominables et sadiques – mais pas bien méchants dans le fond. Ceux qui, en revanche, se souviennent des cours d'école, comprendront au contraire ce que cette farce macabre peut avoir de jubilatoire.
De plus, la morale est sauve, car dès la bêtise commise, Michel n'aura d'autre souci que de la réparer : il redeviendra ainsi le souffre-douleur habituel de Geoffroy.
A la fois cruel et drôle, ce récit délirant et onirique où l'on croise en vrac la Mort, Albert Einstein, divers sorciers frappadingues ou un dragon siamois amateur de kung-fu est véritablement craquant. Sous des apparences horrifiques, la tendresse est bien plus présente que dans des récits plus raisonnables.
Quant au dessin, le talent et l'inventivité de Sfar sont désormais largement reconnus. La naïveté de surface n'empêche pas de percevoir la richesse graphique et la modernité de son trait.
Voilà donc le genre d'album qu'il faut offrir à ses enfants pour pouvoir le leur subtiliser en cachette. Pas aussi propret que les Schtroumpfs, mais diablement plus rigolo !
Pascal Patoz nooSFere
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