Des créatures ailées, des dragons, ont transformé le royaume du roi Kirgräd en un gigantesque brasier alimenté par une multitude de volcans dont coulent des flots de lave. Mais, une prophétie annonce un meilleur futur.
Enora et Killian ont consulté la sorcière qui établit la stérilité de la femme. Le couple est désespéré. Ne pouvant dormir, l'homme va prendre l'air au bord du lac. Il assiste, interdit, à l'arrivée et à la chute d'un étrange vaisseau. Il revient, un bébé dans les bras, qu'ils appellent Ioen.
L'enfant a grandi et pour l'heure, le père et le fils rentrent d'un tournoi qu'Ioen a remporté grâce à son exceptionnelle adresse au tir avec sagaie. Avec le prix, les fermiers sont à l'abri pour une dizaine d'années. Ils traversent un village détruit par les flammes et arrivent à la ferme quand la terre tremble, signal annonciateur d'un grand danger. Il faut fuir.
Pendant ces événements, le cavalier qui s'est fait fort, en échange de la fille du roi, de détruire les dragons a préparé un piège et fourbi ses armes. Il réussit à tuer deux monstres avant d'être grièvement brulé.
Pendant que, dans la précipitation, les habitants du hameau se préparent à fuir, un dragon attaque et tue Enora sous les yeux de l'enfant.
Le convoi des fermiers rencontre une cohorte de gladiateurs. Le chef de la troupe reconnaît Ioen et veut l'intégrer dans son équipe en remplacement de celui qui s'est suicidé pour avoir perdu un tournoi contre un enfant. Si Killian s'oppose à cet échange, Ioen veut partir avec eux pour être formé, pour pouvoir venger sa mère et accomplir sa mission...
Christophe Bec soulève légèrement le voile sur le mystère des origines d'Ioen et sur le parcours de quelques personnages comme le Cavalier, Tifenn la princesse... Il s'approprie quelques principes généraux de la fantasy comme les sociétés féodales, une prophétie annonçant un sauveur, la lutte de champions. Pour l'instant, il cantonne la magie, les êtres fantastiques, aux seuls dragons et à une sorcière qui exerce son art dans la divination. Toutefois, les brûlures du cavalier guérissent à vue d'œil...
Par contre, il s'appuie fortement, pour structurer le scénario de ce présent tome, sur l'Heroïc-fantasy avec des gladiateurs, des combats dans des tournois, des arènes pour assurer le spectacle. Parallèlement, il met en place de nouveaux éléments qui, s'ils restent obscurs, auront sans doute une forte incidence sur la suite du récit. Avec cette matière, le scénariste élabore une histoire passionnante qui réserve bien des surprises.
Qui se dissimule sous le pseudonyme d'Iko ? Sa biographie, succincte, le présente comme : « l'un des dessinateurs les plus talentueux de la nouvelle bande dessinée italienne. » Pour une fois, il n'y a rien d'exagéré dans cette annonce car il faut reconnaître un grand talent à ce dessinateur. Il sait bâtir des vignettes splendides, mettre en pages avec art les péripéties du récit en ne privilégiant rien car tout est détaillé, peaufiné tant dans les personnages, leurs expressions et leur gestuelle, les décors et les bestiaires de façon remarquable. Il restitue le dynamisme de l'intrigue et des actions.
Le travail sur les couleurs de Digikore Studios s'accorde à l'ambiance générale du récit. Cependant, on se prend à rêver, pour un tel graphisme, d'une mise en couleurs plus traditionnelle réalisée par un Jean-Jacques Chagnaud...
Le premier volume avait fait une excellente impression. Le second confirme que Ténèbres entre dans la catégorie des séries à suivre absolument.
Serge Perraud nooSFere 26/12/2010
|