Avec ce huitième tome, Ikigami nous propose deux des histoires les plus poignantes de la série. Tout en continuant à s'intéresser au sort des laissés pour compte de la société, l'intrigue développe ses méthodes totalitaristes. Dans le premier sketch, il est question de vengeance, dans une histoire à la tonalité étrangement chrétienne (la rédemption, le pardon...) pour une œuvre nippone. Dans la seconde, la thématique porte sur l'exclusion sociale, affective, sexuelle et professionnelle due à la laideur. Impossible de ne pas s'attacher à ces personnages que l'on a tous croisés un jour, rapidement jugés et dont l'auteur a l'intelligence, la sensibilité d'exposer la souffrance cachée.
Il est toujours assez frappant de constater l'ambiguïté de cette série, et toujours aussi difficile de discerner le fond de la pensée et les intentions de l'auteur. Car ici, l'Ikigami n'est jamais condamné, et laisse même une opportunité à ses victimes de racheter leurs fautes, ou d'accomplir au cours de leurs dernières vingt-quatre heures à vivre ce qu'ils n'ont jamais osé faire. On peut donc dire qu'il remplit son but en offrant l'occasion de découvrir la valeur de la vie. Cette apparente approbation de l'auteur pour le procédé est toutefois tempéré par sa critique permanente de la hiérarchie du livreur d'Ikigami, harcelé par sa conscience et ses doutes.
Florent M. 22/04/2011
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