C'est après avoir lu Le Petit Livre Bleu d'Antoine Buéno qu'il m'est venu l'idée de me reschtroumpfer dans les aventures des lutins belges, la récente réédition d'un album culte et intemporel, Le Schtroumpfissime, étant la parfaite occasion pour cela.
Cette réédition se présente sous la forme d'un collector, imprimé sur du papier de bonne qualité, agrémenté de nombreuses anecdotes illustrées (une page sur deux). Rapide résumé de cette histoire, que vous avez forcément lue dans votre enfance : le Grand Schtroumpf doit s'absenter du village et, comme d'habitude, le désordre ne tarde pas à s'installer. Un Schtroumpf se met alors en tête de remplacer le patriarche et organise des élections, après avoir usé de tout son talent pour la démagogie. Une fois élu, il va très vite prendre goût à la dictature...
Les commentaires, en page gauche, mettent en avant le rôle joué par Yvan Delporte sur Les Schtroumpfs, et en particulier sur ce scénario. Alors rédacteur en chef de Spirou, le Bruxellois aux tendances anarchistes insuffla toute son impertinence et sa vision de la politique à ce conte moraliste relativement subversif. D'ailleurs, sa portée politique est telle qu'elle sera largement édulcorée dans son adaptation en dessin animé dans l'un des épisodes de la série américaine (exit la campagne démagogique et ses promesses en l'air). Cette déconstruction des étapes du parcours d'un dictateur, de sa montée en puissance à sa déchéance, demeure encore aujourd'hui tout à fait étonnante (et pertinente) dans une BD censée être destinée aux enfants. En outre, cette histoire prend une tonalité particulière quand on a lu Le Petit Livre Bleu, auquel je vous renvoie si vous souhaitez appréhender l'œuvre sous un autre regard.
Avec cette édition, on apprend donc quelques anecdotes sur Peyo, sur sa personnalité et ses inspirations, si l'on accepte de « hachurer » sa lecture en se reportant sur les commentaires accompagnant chaque page et parfois directement liés à la planche correspondante. Des souvenirs parfois informatifs, d'autres fois moins quand ils sont assez évidents (la référence au Dictateur de Chaplin), mais l'exercice a l'avantage de démontrer le talent des grands artistes : nous faire croire que leur art est « facile » et à la portée de tous, alors qu'il n'en est rien.
Florent M. 17/10/2011
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