Ythaq est une planète qui n'est répertoriée nulle part. Aussi, quand par le plus grand des hasards un navire s'y écrase, les rares survivants n'ont pas d'échappatoires. Granite, une jeune navigatrice, Narvarth, un technicien féru de poésie et Callista, une femme sans scrupules, vont devoir faire face aux multiples surprises que leur réserve cette étoile mystérieuse.
Le tome 9, le dernier de la série, s'ouvre sur une ère révolue. Les Targylls condamnent Sarkun'hr, une entité cosmique, le prive des quatre éléments essentiels et en font, ainsi, le prisonnier d'une planète. Mais, ses juges ne lui ont ôté, ni la vie, ni la haine.
Granite, en fuyant dans la rivière, prise dans une cascade, a failli se noyer. Elle est recueillie par deux pailleurs qui la font travailler à la fonderie d'or, où elle retrouve Krurgor.
Narvarth est sous l'influence d'une puissance. Elle veut qu'il ramène les quatre forces qui lui rendront son autonomie.
Callista est livrée par Malko, son protecteur, aux soldats de la Confédération. Celle-ci a suivi les indications d'un archéologue qui a retrouvé les clés laissées par les Targylls. Activées, elles laissent apparaître une planète nouvelle.
Narvath retrouve sur un pailleur un vêtement de Granite. Grâce à la poésie, il contient l'emprise de l'entité et retrouve la jeune femme. il l'aide à s'échapper en faisant usage de ses nouveaux pouvoirs. Mais, les événements se précipitent et entrainent les héros dans un maelström d'aventures...
Les poésies de Charles Baudelaire, par leur puissance évocatrice, s'accordent à merveille à l'ambiance de cette planète inconnue. Le scénariste, dans une société de type féodal, confronte ses héros à toutes sortes de situations, de peuples et d'espèces, tous plus étranges les uns que les autres. Mais, à bien y regarder, on retrouve tous les travers de notre si « brillante » civilisation.
Cependant, l'auteur ne se borne pas à dérouler un nouvel space-opera simpliste où les personnages découvrent un catalogue de mode de vie et d'existence exotiques. Il fait, des protagonistes, des acteurs entiers de l'histoire, les clés du récit, les moteurs de l'intrigue, car ces naufragés ne le sont pas par hasard.
Christophe Arleston continue à travestir les genres, à détourner les codes et à mixer le tout pour en proposer un univers personnel fait de magie, de mystère, d'actions et d'un humour bon enfant. En effet, le scénariste ne recule pas devant le jeu de mot facile, le calembour approximatif.
Il multiplie les rebondissements inattendus, les coups de théâtre spectaculaires et enchaine les mésaventures de ses héros. Il développe, toutefois, une histoire d'amour tumultueuse entre la fougueuse héroïne et le technicien.
Adrien Floch assure le dessin et met en scène de façon dynamique la déferlante d'actions. Aussi à l'aise, pour ce volume, dans la vignette intimiste que dans les décors grandioses, les vues de l'espace ou la révélation d'une monstrueuse créature. Le scénariste l'a entrainé à donner vie et expressions à toutes sortes de personnages bizarroïdes, un défi relevé avec brio.
Claude Guth prête son concours pour la mise en couleur. Il nous ravit toujours par son art de marier les teintes et faire chanter des gammes de couleurs.
On peut regretter le choix du lettrage, qui, en voulant faire « grec », n'est pas toujours facile à lire.
L'Impossible vérité clôt de façon superbe une remarquable série, un fleuron de plus à mettre à l'actif de M. Arleston.
Serge Perraud nooSFere 19/10/2011
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