Fafnir le dragon, corrompu par la puissance de l'Or, ronge les entrailles de la Terre. Odin le dieu des dieux, est impuissant à l'arrêter. Seul, un être libre, ignorant du pouvoir des dieux pourra vaincre le dragon.
Siegfried a été élevé, au cœur d'une vaste forêt, par Mime le Nibelung, un forgeron qui craint le soleil. Un jour, il retrouve les fragments d'une épée. Il apprend que c'est celle de ses parents et comprend qu'il a sa place dans le pays des hommes. Mais seul Fafnir en connaît le chemin. Il faut donc passer par lui. En route, un étrange cavalier masqué laisse l'usage de son cheval volant à Siegfried. Derrière le masque se cache la Walkyrie, la propre fille d'Odin.
Le Crépuscule des dieux débute alors qu'Odin se remémore sa liaison avec la Terre. Celle-ci lui rappelle d'agréables souvenirs... avant de le ramener à la situation présente. Odin demande, solennellement, à Fafnir de renoncer à l'or, de laisser vivre la Terre.
Siegfried et Mime progressent dans le pays des géants où tout est démesuré. Peu à peu, Mime lève le voile sur les liens entre les différents intervenants, sur les racines de la situation actuelle. Et c'est l'affrontement...
Le Crépuscule des dieux clôt Siegfried, la trilogie d'Alex Alice, débutée en 2007. S'appuyant sur La geste des Nibelungen, inspirée elle-même par des légendes islandaises et scandinaves, le scénariste revisite le mythe et le transcende, allant au-delà de Wagner et de son opéra.
Il tempère, cependant, le côté majestueux, dramatique, de son récit avec quelques touches d'humour lors d'échanges entre le héros et le Nibelung.
Bien sûr, comme dans toute légende, comme dans tout récit mythique, la symbolique est très présente et offre au lecteur, après la découverte d'un récit tragique, une relecture au second degré. La soif de l'or, le sens de cette valeur, le héros qui ne craint pas les dieux, le père condamnant sa fille, sont tous sujets que l'on retrouve sous une forme, ou sous une autre, dans les mythologies et religions.
Alex Alice réalise une mise en images créative, multipliant les trouvailles graphiques pour une mise en scène remarquable. Il autorise une lecture fort bien guidée dans les larges planches panoramiques, par une organisation et une présentation judicieuses des bulles. Il permet d'intégrer, ainsi, les voix « off » dans des décors imposants. Il donne à la gestuelle de ses personnages une vision à la fois réaliste et sublimée. Il offre au regard des décors somptueux, rappelant, par leur démesure, ceux d'un Philippe Drouillet, au sommet de son art dans les années 1970/80.
Siegfried se révèle comme une série d'exception et confirme, si besoin était, le talent d'un auteur complet, capable de tirer le meilleur d'une histoire et de la mettre en images de façon magistrale.
Serge Perraud nooSFere 20/12/2011
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