Paulette, après avoir réduit à l'impuissance, le Cerveau, le chef d'un redoutable gang, revient à la vie civile. C'est une vie qu'elle n'a jamais réellement quittée, étant devenue une superhéroïne par accident. Elle est étudiante et vit avec sa grand-mère, une grande consommatrice de programmes télévisés. Mais, même par hasard, elle doit assurer son rôle. Elle poursuit Coco l'embrouille qui a volé un régime de bananes à l'étalage d'un épicier, jusque sur les toits du ministère des Finances à Bercy. C'est là qu'elle rencontre un homme masqué qui se présente comme Monsieur d'Italie. Il est rejoint par Daumesnil. Ils sont membres de la Ligue des Gentilshommes Invisibles. Monsieur d'Italie a laissé tomber Coco dans la Seine où il se noie. Paulette le sauve et le ramène vers ses deux complices dans les égouts.
Renversée par une automobile, Paulette est soignée par la responsable de l'accident avec un cognac millésimé. Elle perd alors ses repères, fuit et casse, au Musée du Louvre, le buste de Néfertiti. Elle est secourue par son voisin, le nain, à l'origine de son statut de superhéroïne. En rentrant chez sa grand-mère, elle est menacée par Raymond-La-Science, libéré de la prison où elle l'avait fait enfermer...
Mathieu Sapin semble se régaler, mais nous régale à coup sûr, avec ce scénario débridé où il s'autorise les péripéties les plus improbables. Il nourrit ses dialogues avec des remarques, des réflexions en lien avec le quotidien, l'actualité récente, des références aux comics et aux superhéros. Il compose des situations décalées, presque burlesques avec des rebondissements qui s'enchaînent les uns aux autres.
Il use du second degré pour dépeindre un monde de justiciers et de malfrats qui restent bon enfant. C'est presque L'île aux enfants avec ces voyous perdus quand ils n'ont plus personne pour les guider dans le chemin du droit ou du crime.
Le scénariste livre, ainsi, une histoire amusante, parodique. Si l'auteur ne semble pas se prendre au sérieux, il met, cependant, tout son talent dans ce divertissement. Et c'est très réussi !
Christian Rossi s'offre-t-il une « récréation », un entracte entre les albums de W.E.S.T ? Il donne, dans un autre style, un dessin toujours aussi élégant, aussi travaillé, sous une apparente légèreté. C'est un plaisir de suivre cette héroïne, la galerie de personnages tous plus pittoresques les uns que les autres. La mise en page est classique, avec nombre de vignettes carrées, donne un petit aspect « rétro » et rappelle les planches des « Grands Anciens ».
Un second tome fort réussi, d'une série qui ne veut pas révolutionner l'univers de la BD, mais qui atteint amplement l'objectif de distraire avec talent.
Serge Perraud
nooSFere
06/03/2012
| 
